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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/165

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Allons hue, la fille, la putain ! Traîne tes chiffons parfumés sur les trottoirs, fais tressauter tes nichons pour aguicher les hommes ; lance des œillades, provoque, invite, offre-toi toute, ta bouche, tes yeux, tes seins, ton corps…

Donne tes flancs au baiser luxurieux des mâles ; courbe-toi sous les étreintes viriles qui fécondent les pures, mais qui te laissent stérile et indifférente ; excite les passions louches des sadiques, satisfais les vieux paillards au contact voluptueux de tes lèvres, fouette, danse, saute, bois, saoule-toi d’orgies, de boue et de saletés ; puis, tends la main, putain, tends ta main encore humide des passagères ablutions ; touche ton salaire, le prix de ton corps souillé, la rançon de ton avilissement ; tends la main… Tiens, cent sous, un louis… Comment ! Pas assez ? Eh ! va donc, putain… fous le camp ou sinon, la police…