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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/181

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Les premiers jours, j’ai été bien fatiguée ; le soir, en me couchant, j’avais des courbatures par tout le corps ; mes pieds un peu serrés dans mes bottines me faisaient souffrir… Dame, il fallait être debout presque tout le temps… Et puis, parfois les malades sont agaçants, et quand on n’est pas encore habituée…

Mais maintenant, ça va mieux ; je connais le service, je me débrouille et la journée passe sans qu’on s’en aperçoive, tant il est vrai que les heures semblent trop courtes, quand on travaille ; et puis, chaque jour, il y a de l’imprévu, du nouveau ; les visages changent constamment ; il y a un va-et-vient incessant, des malades qui s’en vont, d’autres qui arrivent.

Parfois, on apporte quelqu’un sur une civière et trop souvent, hélas, on emporte des morts. Et cela me produit à chaque coup un effet bizarre, comme si l’on emmenait quelqu’un des miens, un ami, une connaissance… Cependant, la mort ne m’effraye plus et je suis souvent étonnée de voir comme c’est simple, comme c’est banal de mourir. Vous avez un malade, vous lui parlez, vous plaisantez même avec lui… Les jours passent et le