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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/57

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Je suppliai Lina de me protéger, de me soustraire à un danger inconnu, mais que je pressentais ; je lui racontai ma vie, toute ma petite vie de fille de pasteur, élevée au presbytère, dans la paix tendre et calme des champs ; je lui dis combien j’ignorais la vie, combien j’étais faible et désarmée devant ces mille dangers que je soupçonnais à peine, combien j’étais neuve encore, naïve, bête même !

Lina me promit de veiller sur moi et de combattre le grand-duc. Oh ! elle n’avait pas du tout peur du grand-duc, dont la grosse voix, les grosses mains et les grands pieds pliaient devant le regard sévère d’une simple femme de chambre. Et pourquoi ? Parce que la duchesse aimait Lina et ne voulait se séparer d’elle à aucun prix.

Et Lina me raconta que le grand-duc Alexandre, cousin de l’Empereur, avait failli tuer sa femme, la pauvre petite duchesse, en la frappant à coups de pied, dans un moment de furie alcoolique.

Et Sa Majesté le cousin ayant connu toute l’affaire par son chambellan auquel Lina elle-même était allée raconter ce qu’elle avait vu, signifia au grand-duc honteux et repentant