rables consœurs qui se donnent une belle
origine, sans en être plus nobles pour cela.
À les entendre, on ne saurait bien remuer
le croupion, à moins d’être fille d’un prélat,
nièce d’un conseiller, ou d’un duc,
etc. ; quelle folie qu’une pareille généalogie !
Une véritable putain ne doit absolument
connaître que le plaisir ; elle doit
mépriser sa naissance et ses parents, n’avoir
d’autre ambition que d’assouvir sa
passion et de se ménager des connaissances
aussi utiles qu’agréables : venons au
fait.
Je suis née dans un village, à deux lieues du Hâvre, mon père était charron : je fus élevée comme on l’est toujours à la campagne : sous le rapport de l’éducation, c’est-à-dire fort mal ; sans mon bon naturel, mon enfance n’a rien eu d’extraordinaire ; on remarquait seulement en moi, dès l’âge le plus tendre, un air qui annonçait de l’esprit ; aussi m’en donnait-on dans le village, et la fille du maître charron y passait-elle pour une bonne pièce : c’était ainsi que mes dignes compatriotes me désignaient.
Je fus confondue avec le reste des pay-