vint un jour chez la couturière, mon hôtesse,
sous prétexte de lui donner à travailler,
après avoir jeté un coup d’œil sur
moi qui me trouvais là, dans lequel il mit
beaucoup d’intérêt, le militaire engagea
la conversation sur le ton le plus galant,
manège pour lequel Messieurs les officiers
ont un talent tout particulier. Il ne s’en
tint pas là ; il me fixa si vivement que je
baissai les yeux, ne pouvant soutenir la
hardiesse de ses regards. Il ne s’en découragea
point ; car ce fut ce qui l’engagea de
proposer à la couturière d’aller lui acheter
de la mousseline pour des manchettes,
ajoutant qu’il avait donné ordre à une
marchande qu’il nomma, d’en livrer autant,
qu’il attendait son retour pour s’arranger
avec elle ; la couturière, en fille
zélée pour ses intérêts, se garda bien de
refuser la proposition, courut chez la marchande,
et me laissa seul avec le cavalier.
Qu’on juge de mon embarras ! Je me levais
de dessus ma chaise, je m’y remettais,
j’entrais dans mon cabinet, je revenais
dans la chambre, ne sachant quelle contenance
prendre. Sur mon air, l’officier
jugea sans doute que ma conquête n’était
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