n’est pas si sémillant qu’avec ceux dont la
conversation et la compagnie sont si instructives
et amusantes. Celui dont je parle
venait chez moi presque tous les jours,
avec une froideur qui me faisait peine ;
j’aurais souhaité qu’il m’eût distinguée
des autres femmes. J’avais beau l’agacer,
rien ne l’échauffait, je ne pouvais me cacher
l’amour que j’avais pour lui, tout le
monde s’en apercevait ; il paraissait être
le seul qui fermât les yeux là-dessus. J’avoue
que cette indifférence me mit absolument
hors des gonds ; je ne concevais
pas comment le comte, car il l’était très-réellement,
pouvait s’empêcher de répondre
à mon amour. Je me croyais pour le
moins aussi aimable que lui, mon amour-propre
y était offensé, et il y allait de ma
gloire de faire rendre les armes au comte.
Toutes les femmes, et particulièrement
celles de mon éminente profession, sont
faites ainsi : Plus on est indifférent pour
elles, plus elles cherchent à se faire aimer,
elles mettent même audacieusement
tout en usage pour cela.
C’est en effet ainsi que je pensais quand je résolus d’écrire au comte ; je n’étais pas