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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/124

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Après avoir prié, l’Empereur se remet sur ses pieds ;
Il fait sur son front le signe qui a tant de vertu.
Ensuite, il monte sur son cheval rapide ;
Naimes et Jozeran lui tiennent l’étrier.
Il saisit son épée et sa lance aiguisée.
Son corps est beau, robuste, et bien pris,
Son visage est clair ; il a une belle contenance.
Puis il chevauche avec sûreté.
Les clairons sonnent par devant et par derrière,
Le son de l’olifant domine tous les autres,
Et les Français pleurent de pitié pour Roland.


CCXXX

L’Empereur chevauche très noblement ;
Il a étalé sa barbe sur sa cuirasse,
Et, par amour pour lui, les autres font de même.
On reconnaît à ce signe les cent mille Français.
Ils franchissent les montagnes, les roches si hautes,
Les vais profonds, les défilés pénibles.
Les voilà sortis de ces passages et de ces lieux arides,
Ils sont entrés dans la marche d’Espagne
Et ont assis leur camp dans une plaine.
Les éclaireurs de Baligant reviennent vers lui ;
Un Syrien lui rend compte de son message :
« Nous avons vu cet orgueilleux Roi Charles ;
Ses soldats sont fiers et ne lui feront pas faute.
Armez-vous, vous allez bientôt avoir bataille. »
Baligant dit : « Tant mieux pour les braves !
Sonnez les clairons, que mes païens le sachent. »


CCXXXI

Dans toute l’armée, ils font retentir leurs tambours,
Résonner les buccins et les claires trompettes.
Les païens mettent pied à terre pour s’armer.
L’Émir ne veut pas s’attarder :
Il revêt un haubert aux pans brodés,