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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/17

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Célébrera une grande fête en l’honneur de saint Michel.
Le jour viendra, le terme passera,
Et il n’entendra de vous paroles ni nouvelles.
L’Empereur est terrible, et son cœur implacable,
Il fera trancher les têtes de nos otages.
Mieux vaut que nos fils perdent la vie
Que de perdre, nous, la belle Espagne ensoleillée
Et que de souffrir tant de maux et de douleurs. »
Les païens disent : « Il en pourrait bien être ainsi. »


V

Le Roi Marsile a levé son conseil :
Il appelle alors Clarin de Balaguer,
Estramarin et Eutropin, son compagnon,
Priamus et Garlan le Barbu,
Machiner et son oncle Maheu,
Joïmer et Maubien d’Outre-Mer,
Et Blancandrin, pour leur exposer son plan.
Ce sont dix des plus félons, qu’il a choisis :
« Seigneurs barons, vous irez vers Charlemagne
Qui assiège en ce moment la ville de Cordoue.
Vous porterez dans vos mains des branches d’olivier
En signe de paix et de soumission.
Si, par votre habileté, vous pouvez nous mettre d’accord,
Je vous donnerai or et argent.
Terres et fiefs à votre bon plaisir. »
Les païens dirent : « Notre seigneur parle bien. »


VI

Le Roi Marsile a levé son conseil.
Il dit à ses gens : « Seigneurs, vous allez partir
En portant dans vos mains des rameaux d’olivier.
Vous direz de ma part au Roi Charlemagne
Qu’au nom de son Dieu il ait merci de moi.
Il ne verra point s’achever ce premier mois
Que je ne le suive avec mille de mes fidèles