Page:La chanson française du XVe au XXe siècle.djvu/100

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Après suivaient le boudin et l’andouille
De gros navets et des plats de citrouille,
Les aloyaux y étaient deux à deux.
               Place à Messieurs.

Les pieds de porc, les grouins et les oreilles
Dans ce festin leur semblaient des merveilles,
C’étaient leurs mets les plus délicieux.
               Place à Messieurs.

Les raves étaient à deux doubles la botte,
Il y avait cinq ou six carottes,
Ragoût du tout réservé pour les vieux.
               Place à Messieurs.

Voilà de quoi fut composée la fête,
Mais le dessert y était plus honnête ;
Car le fromage y était tout véreux.
               Place à Messieurs.

Marrons pourris, poires et pommes molles,
En les mangeant ils semblaient de la colle,
Car leurs mentons en étaient tout baveux ;
               Place à Messieurs.

Le vin clairet à trois sols ou à quatre ;
Il en fut bu jusques à deux cents quartes ;
Si ivres étaient qu’il leur ressort des yeux.
               Place à Messieurs.

Ils sont sortis lorsqu’on ne voyait goutte ;
De son logis chacun a pris la route ;
Minuit était avant qu’être chez eux.
               Place à Messieurs.

Ceux qui ont fait cette chanson jolie
Étaient présents à cette confrérie,
Et au festin allèrent avec eux.
               Place à Messieurs.


(Le Nouveau Entretien des bonnes compagnies, 1635.)