Page:La chanson française du XVe au XXe siècle.djvu/109

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De tous les habits contraignants
Que l’on portait en certain temps.

Le corps de jupe est aboli,
La collerette est supprimée,
Le grand habit noir est banni,
La robe est la plus négligée,
Et l’on dirait que les amours
Prennent soin de tous les atours.

L’on voit que l’écharpe aujourd’hui,
Dont la mode est bien établie,
Passe dans la maison d’autrui
Pour habit de cérémonie,
On ne se fait plus un devoir
De visiter en habit noir.

Même la femme sans façon,
Depuis janvier jusqu’en décembre,
Va, vient, et sort de la maison
Très souvent en mules de chambre,
Et prête à tout événement
Semble attendre un heureux moment.

Le lansquenet n’était connu
Jadis que des laquais et pages,
Maintenant il est devenu
Le jeu des folles et des sages,
On y querelle, on parle haut
Et c’est la cour du Roi Pétaud.

La femme décide du vin,
Sait où le meilleur se débite,
Elle se pique de goût fin ;
Elle s’en fait un grand mérite,
Le vin relève ses appas,
Les canapés sont à deux pas.

Veut-elle chercher ses amis,
Aller où son plaisir l’appelle,
On la voit courir tout Paris
Sans écuyer, sans demoiselle,