Page:La chanson française du XVe au XXe siècle.djvu/137

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— Entrez dans cette auberge,
Vénérable vieillard,
D’un pot de bière fraîche
Vous prendrez votre part :
Nous vous régalerons
Du mieux que nous pourrons.

— J’accepterais de boire
Plus d’un coup avec vous,
Mais je ne puis m’asseoire,
Je dois rester debout :
Je suis en vérité
Confus de vos bontés.

— De connaître votre âge
Nous sommes curieux,
A voir votre visage,
Vous paraissez fort vieux :
Vous avez bien cent ans,
Vous montrez bien autant.

— La vieillesse me gêne,
J’ai bien dix-huit cents ans,
Chose sûre et certaine,
Je passe encore trente ans :
J’avais douze ans passés,
Quand Jésus-Christ est né.

— N’êtes-vous pas cet homme
De qui l’on parle tant,
Que l’Écriture nomme
Isaac le Juif errant ?
De grâce, dites-nous
Si c’est sûrement vous ?

— Isaac Laquedem
Pour nom me fut donné,
Né dans Jérusalem,
Ville bien renommée :
Oui, c’est moi, mes enfants,
Qui suis le Juif errant.