BAISE-MOI DONC
Baise-moi donc, me disait Blaise :
Nannin, nannin, je ne suis pas si niaise,
Ma mère me le défend bien.
Mais, voyez ce grand Nicodème !
La sienne ne lui défend rien :
Que ne me baise-t-il lui-même ?
L’EXCÈS DE LA DÉLICATESSE
L’excès de la délicatesse
Est le poison de la tendresse ;
Il faut de la crédulité.
Un amant nous jure
Que de nous il est enchanté :
Fût-ce une imposture,
Croyons qu’il dit la vérité.
Il est souvent fâcheux
De s’y trop bien connaître :
Se croire heureux,
N’est-ce pas l’être ?
PAR UN BAISER RAVI
Par un baiser ravi sur les lèvres d’Iris,
De ma fidèle ardeur j’ai dérobé le prix ;
Mais ce plaisir charmant a passé comme un songe :
Ainsi je doute encor de ma félicité.
Mon bonheur fut trop grand, pour n’être qu’un mensonge ;
Mais il dura trop peu pour une vérité. (bis)