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LE MIROIR

Air de Joconde.


Miroir officieux, je doi
    T’aimer toute ma vie.
Je possède, grâces à toi,
    La charmante Sylvie ;
Et je te regarde en ce jour
    Comme un dieu tutélaire,
Qui fait pour moi plus que l’amour
    N’aurait jamais pu faire.

Miroir plus peintre que Latour,
    Plus prompt et plus sincère ;
Et vous, mes trumeaux, tour à tour,
    Répétez ma bergère :
Croyez que jamais vous n’aurez
    De plus parfait modèle ;
Et que plus vous l’embellirez,
    Plus vous serez fidèle.

Glace, ne faites votre effet
    Qu’en faveur de ma belle :
Obscure pour tout autre objet,
    Ne représentez qu’elle.
Par le même art, en ma faveur
    Et contre votre usage,
Puissiez-vous, ainsi que mon cœur,
    Conserver son image !

Piron.