Page:La chanson française du XVe au XXe siècle.djvu/162

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ELLE M’AIMA, CETTE BELLE ASPASIE


Elle m’aima, cette belle Aspasie,
Et bien en moi trouva tendre retour.
Elle m’aima, ce fut sa fantaisie,
Mais celle-là ne lui dura qu’un jour.

Le jour d’après, cette belle Aspasie
Entend Mirtil chanter l’hymne d’amour ;
Elle l’aima, ce fut sa fantaisie,
Et celle-là ne lui dura qu’un jour.

Toujours aimant, cette belle Aspasie
A pris, quitté nos bergers tour à tour :
Ils sont fâchés, moi je la remercie,
Las ! elle fait passer un si beau jour.

Pour ramener une belle Aspasie,
C’est grand abus de montrer du courroux ;
Si réclamez sa douce fantaisie,
Elle dira : que ne l’inspirez-vous ?

J’ai vu depuis cette belle Aspasie ;
La couronnant de roses, je lui dis :
Quand reviendra la douce fantaisie ?
Car ce jour-là c’est le seul où je vis.

Lors j’aperçus cette belle Aspasie.
Qu’un doux souris colorait ses attraits !
Elle reprit sa douce fantaisie,
Et me donna même le jour d’après.

Amants quittés d’une belle Aspasie,
Ayez près d’elle un modeste maintien :
Ne prétendez gêner sa fantaisie :
Qui plait est roi, qui ne plait plus n’est rien.

Moncrif.