Page:La chanson française du XVe au XXe siècle.djvu/175

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ROMANCE DE CLÉMENCE ISAURE


À Toulouse il fut une belle,
Clémence Isaure était son nom ;
Le beau Lautrec brûlait pour elle,
Et de sa foi reçut le don ;
Mais leurs parents trop inflexibles
S’opposaient à leurs tendres feux :
Ainsi toujours les cœurs sensibles
Sont nés pour être malheureux !

Alphonse, le père d’Isaure,
Veut lui donner un autre époux ;
Fidèle à l’amant qui l’adore,
Sa fille tombe à ses genoux :
— Ah ! que plutôt votre colère
Termine des jours de douleur !
Ma vie appartient à mon père,
À Lautrec appartient mon cœur.

Le vieillard, pour qui la vengeance
A plus de charme que l’amour,
Fait charger de chaînes Clémence,
Et l’enferme dans une tour ;
Lautrec, que menaçait sa rage,
Vient gémir au pied du donjon,
Comme l’oiseau près de la cage
Où sa compagne est en prison.

Une nuit la tendre Clémence
Entend la voix de son amant ;
À ses barreaux elle s’élance
Et lui dit ces mots en pleurant :
— Mon ami, cédons à l’orage,
Va trouver le roi des Français,
Emporte mon bouquet pour gage
Des serments que mon cœur t’a faits.

« L’églantine est la fleur que j’aime,
La violette est ma couleur,