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XIXe SIÈCLE


Les préoccupations politiques et sociales qui se manifestent si vivement dans les chants révolutionnaires ne disparaîtront jamais complètement de la chanson française au cours du XIXe siècle. Sans doute la tradition des refrains joyeux est loin d’être perdue, et les abondants recueils de la nouvelle société du Caveau la continuent dignement ; Désaugiers en est le principal représentant. Mais les Debraux, les Béranger, les Dupont nous ont conservé dans leurs chansons les échos de la vie publique du temps. En 1840, Alfred de Musset répond par le Rhin allemand au chant de l’Allemand Becker. Les revendications sociales surtout, qui ont joué un si grand rôle dans la vie du siècle, transparaissent fréquemment dans la chanson : ce sont tantôt quelques traits d’une ironie résignée mais amère, parfois aussi des accents d’une rudesse et d’une âpreté saisissantes.

La chanson populaire est largement représentée, grâce à la vaste enquête qui fut ordonnée par le Gouvernement vers le milieu du siècle et qui permit de recueillir en grand nombre, dans toutes les provinces de la France, les chants transmis par la tradition orale. Voilà pourquoi l’on trouvera, vers le milieu des extraits qui vont suivre, une suite de pièces qui furent notées en quelque sorte sous la dictée du peuple. Depuis lors nos folkloristes n’ont cessé