Page:La chanson française du XVe au XXe siècle.djvu/229

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« Des potentats, dans vos cités en flammes,
« Osent, du bout de leur sceptre insolent,
« Marquer, compter et recompter les âmes
« Que leur adjuge un triomphe sanglant.
« Faibles troupeaux, vous passez, sans défense,
« D’un joug pesant sous un joug inhumain.
« Peuples, formez une Sainte-Alliance,
     « Et donnez-vous la main.

« Que Mars en vain n’arrête point sa course ;
« Fondez les lois dans vos pays souffrants ;
« De votre sang ne livrez plus la source
« Aux rois ingrats, aux vastes conquérants.
« Des astres faux conjurez l’influence ;
« Effroi d’un jour, ils pâliront demain.
« Peuples, formez une Sainte-Alliance,
     « Et donnez-vous la main.

« Oui, libre enfin, que le monde respire ;
« Sur le passé jetez un voile épais.
« Semez vos champs aux accords de la lyre ;
« L’encens des arts doit brûler pour la paix.
« L’espoir riant, au sein de l’abondance,
« Accueillera les doux fruits de l’hymen.
« Peuples, formez une Sainte-Alliance,
     « Et donnez-vous la main. »

Ainsi parlait cette vierge adorée,
Et plus d’un roi répétait ses discours.
Comme au printemps la terre était parée ;
L’automne en fleurs rappelait les amours.
Pour l’étranger, coulez, bons vins de France :
De sa frontière il reprend le chemin.
Peuples, formez une Sainte-Alliance,
    Et donnez-vous la main.

Béranger.