Page:La chanson française du XVe au XXe siècle.djvu/279

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



« On tuait les hommes, les femmes,
On dévalisait les maisons ;
Sous prétexte de trahisons
Tout disparaissait dans les flammes.
Ah ! mon cœur s’en souvient toujours,
Pour le troupier quel doux salaire ! »
La belle chose que la guerre !
Sonnez, clairons ! Battez, tambours !

« Oui, nos aigles impériales
Ont vaincu bien des potentats :
Tout en dévastant les États
Nous rançonnions les capitales.
Au canon nous avions recours
Pour légitimer l’arbitraire. »
La belle chose que la guerre !
Sonnez, clairons ! Battez, tambours !

Pauvre vieux, tu n’es qu’une brute
Dans une culotte de peau ;
Ta gloire a perdu son drapeau
En le traînant de lutte en lutte ;
Et, pour charmer tes derniers jours
Tu t’admires en ta misère.
La belle chose que la guerre !
Sonnez, clairons ! Battez, tambours !

Hélas ! le chauvinisme en France
Tient lieu de toutes les vertus ;
Il n’enfante pas de Brutus,
Il rétrécit l’intelligence.
Pour plaire aux histrions des cours,
Caïn tue encore son frère.
La belle chose que la guerre !
Sonnez, clairons ! Battez, tambours !

Paul Avenel.


(Extrait de Chants et Chansons. A. Quantin, Éditeur. Paris.)