Page:La chanson française du XVe au XXe siècle.djvu/302

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Et le gant noir m’a rappelé
La nuit où prenant sa volée,
Les sens brisés, le cœur brûlé,
La plus chère s’en est ailée.
Et, chose étrange, il m’a semblé
Que la main de cette maitresse,
Comme en des griffes de tigresse,
Broyait mon cœur inconsolé.

Et j’ai fermé mon vieux coffret
Plein des reliques des absentes,
Songeant que tout est fait, défait
Par d’autres mains toutes-puissantes,
Les mains pesantes des destins,
Tantôt douces, tantôt cruelles,
Qui tirent, cassent les ficelles
Dont les hommes sont les pantins.

Xavier Privas


(F. Laurens, Éditeur de musique, 190, rue St-Honoré, Paris.)



CHANSON DU FIL


Filandière aux doigts agiles,
Quand de tes fuseaux habiles
Coule du soir au matin
Fil de chanvre ou fil de lin,
Une douce mélopée
De tes lèvres échappée
Sur un mode puéril
Chante le destin du fil,
Et je trouve en ta berceuse
Matière à sage leçon,
Redis-moi donc, ô fileuse,
        Ta chanson !