JE VOUS VEUX DIRE MA PENSÉE
« Je vous veux dire ma pensée
Et vous compter du tout[1] mon cas ;
Et Dieu ! que deviendrai, hélas !
Si mon parler ne vous agrée ?
Plaisante fleur que tant désire,
Pour vous je souffre tel martyre
Que je ne dors ni jour ni soir. »
« Je vous supplie et prie, beau sire,
Qu’il vous plaise donc à moi dire
Une part de votre vouloir. »
« La douleur que j’ai endurée,
Je la vous dirai, mais tout bas ;
Pour Dieu, ne m’éconduisez pas,
Ou jamais mon cœur n’aura joie. »
« Doux ami, je ne te crois mie
Que tu aies de moi telle envie
Comme tu dis certainement. »
« Ma douce sœur, je vous affie
Que oncques femme qui eut vie
Je n’aimai si parfaitement. »
« Puisque tu m’as ainsi aimée,
Fais de moi ce que tu voudras ;
Mais je te prie, quand tu viendras,
Viens de nuit, que nul ne te voie. »
- ↑ Entièrement