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Page:La coutume d'Andorre.djvu/194

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plus difficiles. C’est un rude métier, qui développe les qualités d’endurance et d’initiative. Le malheur est qu’il coûte un peu cher aux États voisins : dans un département français limitrophe, on a calculé que la contrebande diminuait dans des proportions invraisemblables le chiffre de la vente des allumettes et des tabacs. Le propriétaire de la fabrique andorrane d’allumettes jouit pour l’importation du phosphore d’une sorte de monopole, qu’il paie d’une redevance assez élevée, et il est question d’accorder à une société locale le monopole des tabacs. Évidemment, « il faut que tout le monde vive » et que l’Andorre équilibre son budget ; peut-être serait-il sage cependant d’user avec quelque discrétion des ressources de ce genre : l’abus pourrait ramener la France et l’Espagne aux mesures coercitives du xviiie siècle.

Exportations et importations. — En résumé, l’Andorre possède une bande étroite de terre cultivable et de vastes pacages ; elle manque de fourrages, de céréales, de vins et de produits manufacturés ; elle a en surabondance les bestiaux et le tabac. Elle écoule ceux-là à peu près régulièrement, celui-ci frauduleusement, en Espagne et en France. Elle achète en France les farines, en Espagne, le vin, le seigle, l’huile d’olive, l’eau-de-vie et les liqueurs, la cire, le sel, la morue, le pétrole, le riz, etc. ; en Espagne et en France, les tissus et les fers.

Quant aux fourrages, qui seraient si nécessaires à l’Andorre pour l’élevage, il n’est pas possible de les importer à dos de mulet : la conséquence est, qu’en dehors d’une certaine surface réservée à la culture du tabac, les meilleurs fonds du pays sont couverts de prairies artificielles. Ces fonds atteignent des prix très élevés : l’hectare de première qualité vaut à Soldeu 1, 500 pesetas ; à Canillo, 2, 000 ; à Andorre et Sant-Julia, 8, 000.

Au demeurant, l’Andorre est un pays pauvre, qui a été bien souvent éprouvé par la disette[1] et qui, aujourd’hui

  1. Il reste notamment des xvie et xviie siècles nombre de délibérations des conseils de paroisse et du conseil de la Vallée pour l’achat de blé.