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LA DOMINATION

s’obscurcir un orage de mai, retint André à dîner. Les jeunes gens, ainsi rapprochés, se regardaient à peine, s’évitaient, de loin causaient timidement, tandis qu’Antoine, inquiet, s’épouvantait d’entendre Élisabeth adresser la parole au jeune homme, et que, soudain, à les voir ensemble, plus jaloux qu’un père délaissé, il haïssait leur jeunesse.

En cet instant la jeune fille lui semble nouvelle ! Il imagine mille frissons sur son innocent visage. Voudra-t-elle plaire à ce garçon léger, dans ce printemps humide et doux, ce soir, ou percevra-t-elle, avec un peu de reconnaissance seulement, le trouble de l’adolescent : trouble visible sur ce beau visage, dans ces mains claires et fraîches, dans cette respiration pressée ? Et la musicale voix lorsqu’il demanda à la jeune fille « vous connaissez l’Italie ? » et que tous deux alors en parlèrent avec tant de re-