Page:La grève des charbonniers d'Anzin, 1866.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Audience du 15 novembre.


Me Foucart, avocat, présente la défense des prévenus :


 « Messieurs,

« Les premières paroles du réquisitoire du ministère public reportaient hier mes souvenirs à vingt années en arrière ; je me rappelais le jour où, bien jeune encore, j’avais été chargé, par tous les prévenus amenés sur ces bancs par la mémorable grève de 1846, de la tâche, périlleuse sous la législation d’alors, de mettre leur défense en harmonie avec des prescriptions qui répugnaient à mon cœur et que condamnait la raison publique.

La loi, ou plutôt ce qu’on appelait de ce nom, refusait alors à l’ouvrier le droit le plus élémentaire : celui de disposer de son travail ; ses plaintes les plus légitimes étaient étouffées en vertu de textes qui n’avaient su tenir compte ni des progrès préparés dans le passé par les méditations des penseurs, ni des nécessités de la régénération que l’avenir doit opérer grâce à la liberté.

« La défense avait beau protester contre le présent et en appeler à un temps où la justice entrerait dans un code arriéré, ses regrets comme ses espérances étaient impuissants contre une législation qui paraissait aussi dure au juge qui l’appliquait qu’à l’ouvrier qui continuait à en subir les conséquences.