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CHRONIQUE DRAMATIQUE

Folies-Dramatiques. — François les Bas-Bleus, opérette en trois actes, de MM. Ernest Dubreuil, Humbert et Burani, musique de feu Firmin Bernicat, terminée par M. A. Messager. — Gymnase. — Reprise de la Petite Marquise, comédie en trois actes, de MM. Meilhac et Halévy. — Variétés. — Reprise de la Vie parisienne, de MM. Meilhac et Halévy. — Comédie-Française. — Reprise de Bertrand et Raton, comédie en cinq actes de M. Scribe.

Aux Folies-Dramatiques, la Fille de madame Angot vient de trouver un pendant, et je serai bien étonné si François les Bas-Bleus ne partage pas, un jour prochain, la popularité de son aînée.

Même genre, même époque, même allure vive et pimpante. Les aventures de François, l’écrivain public, et de cet excellent marquis de Pontcornet, en la peau de qui l’inimitable Montrouge est si bien entré, ont amusé franchement, et la musique agréable de Firmin Bernicat a fait regretter bien vivement aux dilettantes la perte de ce musicien d’avenir, enlevé avant d’avoir pu même terminer sa partition. Tous nos compliments à M. Messager, à qui nous devons une harmonieuse et savante orchestration, et qui a su combler les lacunes avec tant de perfection que l’œuvre est restée une quand même. L’interprétation est on ne peut plus satisfaisante. La vue de Montrouge, dans le rôle du marquis de Pontcornet, m’a confirmé dans mon opinion que l’ancien directeur de l’Athénée est tout naïvement, avec Baron, Brasseur et Christian, l’un des plus étonnants comédiens de notre temps. M. Bouvet et mademoiselle Jeanne Andrée, dans les personnages de François et de Fanchon, ont été particulièrement et justement remarqués et applaudis.

La Petite Marquise, de MM. Meilhac et Halévy, cette satire aimable des mœurs contemporaines, est mieux à sa place au Gymnase qu’aux Variétés, où elle fut représentée en 1874, pour la première fois ; mais pourquoi diable a-t-elle été jouée jadis par Baron et Céline Chaumont ? Pour ceux qui ne connaissent que la nouvelle interprétation, Saint-Germain est bien le Kergazon idéal et mademoiselle Magnier, la petite marquise par excellence, mais pour les autres, pour ceux qui ont vu la pièce il y a neuf ans, c’est bien différent. Je suis de ces derniers. Eh bien ! tout en sortant du Gymnase très satisfait, malgré moi, je me suis pris à regretter Baron et Céline Chaumont. Mademoiselle Magnier est trop grande et trop froide, Saint-Germain trop