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Mais ce n’est pas seulement la perspective de cette plus-value qui l’engagera à souscrire. À celui qui ne spécule pas sur les différences et qui n’entend faire qu’un placement de longue haleine, il importe peu que les cours montent ou restent stationnaires après l’émission. L’argent viendra aux nouvelles obligations du Crédit Foncier parce qu’il ne peut s’employer actuellement sur aucune valeur ofïrant les mêmes avantages.

L’opération du Crédit Foncier apparaît malgré les conditions encore défavorables du marché, ou plutôt, à cause même de ces conditions défavorables, avec un grand caractère d’opportunité. Sans parler de la nécessité qui s’impose à cet établissement de tenir toujours largement approvisionnée la caisse où s’alimentent les emprunteurs, nous dirons que l’initiative qu’il vient de prendre aura les conséquences les plus heureuses au point de vue des intérêts de notre marché. En effet, l’argent a besoin d’un stimulant, et l’occasion qui se présente va lui fournir les moyens de sortir de son inertie. Il fallait une opération comme celle qui va se faire pour raviver la source des affaires. Chacun attendait avec impatience le moment où le marché serait remis dans son assiette ; or, nous touchons à ce moment, si, comme tout l’indique, l’emprunt du Crédit Foncier, qu’attend un grand et légitime succès, donne le signal d’une reprise générale. Tous nos grands établissements financiers et les membres de la haute banque attendent ce signal et ils concourront au succès de l’opération.

Nos lecteurs savent en quoi consistent les garanties qui font des obligations foncières la valeur de placement par excellence.

Les obligations foncières sont émises, par le Crédit Foncier, en représentation des prêts hypothécaires qu’il consent.

La Société ne peut jamais avoir en circulation plus d’obligations que n’en comporte le montant de ses prêts. Le montant des annuités qu’elle a à recevoir de ceux à qui elle consent des prêts hypothécaires doit être au moins égal au montant des annuités qu’elle a elle-même à payer pour le service de ses obligations foncières. Ce n’est pas seulement en vertu du texte des statuts que la concordance entre le montant des prêts et celui des emprunts doit exister, c’est en vertu du texte législatif qui a constitué le Crédit Foncier.

Cette institution est placée sous le contrôle de l’État, qui surveille le mouvement des prêts et des emprunts. L’argent provenant des obligations foncières ne peut s’employer qu’en prêts hypothécaires et les porteurs de ces obligations ont un privilège, aux termes de la loi, sur les propriétés qui ont servi de gage aux avances consenties par la Société.

Nous ne rappellerons pas à nos lecteurs que la valeur du gage doit toujours être supérieure au montant du prêt. La Société n’avance que 50 0/0 de cette valeur, après l’avoir soumise à une expertise très rigoureuse, et elle prend toujours première hypothèque, aucune autre créance ne pouvant primer la sienne.

Dans ces conditions l’obligation foncière, qui est un vérilable titre hypothécaire d’une forme perfectionnée, confère à celui qui la détient des sécurités résultant non seulement de son privilège sur les annuités à servir par les emprunteurs, mais encore de son droit sur tout l’actif de la Société, qui se porte garante, vis-à-vis de lui, de la solidité des gages. Le Crédit Foncier est constitué au capital de 155 millions, entièrement versés. Pour que les obligations qu’il émet fussent exposées à subir la plus petite atteinte, il faudrait non seulement que l’ensemble des gages hypothécaires se dépréciât de 50 0/0, chose inadmissible, mais encore que la Société se trouvât en perte de 155 millions versés par ses actionnaires, et de ses réserves dépassant 60 millions.

On le voit, il est impossible de trouver une valeur plus solidement garantie que ne le sont ses obligations ; c’est ce que tout le monde comprend aujourd’hui, car la place qu’occupe ce titre dans les portefeuilles est de plus en plus large.

S.
Le Gérant : CH. NOBLET.

10277… IMPRIMERIE CHARLES NOBLET, RUE CUJAS, 13, PARIS.