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Page:La libre revue littéraire et artistique, 1883.djvu/293

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CAUSERIE FÉLIBRÉENNE

Les Provençaux ont aux trois-quarts conquis la capitale. Les deux mois d’avril et de mai s’annoncent glorieux pour la cause félibréenne, tant l’esprit de Paris s’est méridionalisé.

Personne n’ignore aujourd’hui que le Capoulié est décidé à célébrer la Sainte-Estelle dans la petite ville provençale de Florian, à Sceaux, où se tiennent les assises annuelles du felibrige de Paris. — Depuis la première de Mireille à l’Opéra-Comique, Mistral n’a guère quitté son pays que pour aller chercher à Dijon la belle jeune fille dont il a fait sa femme. — Ceux qui l’ont vu jadis retrouveront encore sous l’olympien d’aujourd’hui, le « Chactas en habit de ville » de 1864. —

Aussi de grandes fêtes se préparent-elles pour la consécration définitive du provençal à Paris. Elles s’annoncent déjà sous les plus heureux auspices.

Grand succès, à l’Opéra, avec la Farandole, ballet d’arlésiennes. À l’Opéra-Comique, incessante reprise de Mireille, avec Mlle Van Zandt, cette incarnation charmante de la Georgina Smolen de Musset qui va se faire provençale pour consoler Gounod de la retraite volontaire de Mme Miolan-Carvalho. Aux concerts populaires enfin, prochaines auditions publiques du Calèndàu de M. Henri Maréchal, un maître.

Je n’ai parlé que de musique. L’horizon littéraire est encore plus radieux. C’est tout un entraînement et il est à son comble : deux immenses succès de librairie l’ayant préparé, les Contes provençaux de Roumanille, épuisés en quinze jours et la Mireille illustrée d’Eugène Bernard. Toute la presse française et étrangère a salué ces deux publications. J’ai compté, pour ma part, plus de 90 articles à propos de Mireille illustrée. Depuis l’Intransigeant jusqu’à la Gazette de Provence, tous ont acclamé Mireille. La France en est amoureuse.

Le 14 janvier dernier, après une félibrejado de trois jours, — où étaient présents Mistral, Aubanel, Roumanille, Félix Gras, Bonaparte Wys, Paul Arène, Ch. Boy, Paul Mariéton, le Capoulié, et le président des felibres de Paris, ont décidé à l’unanimité des assistants qu’une fête solennelle aurait lieu dans la capitale en mai prochain, pour célébrer de quatrième centenaire de l’union libre de la Provence à la France. Le projet fut soumis à la réunion prochaine au felibrige de Paris. Il était présidé ce jour-là par le sculpteur provençal Amy dont la motion fut acceptée, de célébrer le glorieux anniversaire dans un Banquet des Méridionaux à l’hôtel Continental.

Paul MARIETON.