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— Eh quoi ! une telle émotion… en présence d’une lettre… adressée en 1515, à l’un des guerriers de Marignan !

— Heu ! grommela Maxence ahuri et stupide.

Au même instant Magdeleine reprenait ses sens.

— Dieu soit loué ! ma chère enfant ! dit M. de Lansalumey rasséréné. Ce n’était rien. Maintenant, mes amis, voyez la grande nouvelle : mon front vient d’être couronné…

Un vague sourire erra sur le visage des deux coupables un peu remis de leur émoi.

— …Couronné des lauriers académiques, acheva le savant.

Et il tendit à ses interlocuteurs abasourdis le Journal officiel, qui proclamait sa gloire et annonçait que l’illustre érudit était nommé membre de l’Institut à l’unanimité des votants, digne récompense de ses doctes travaux sur l’invasion du Milanais par François Ier.

Félix Fénéon.


DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE

en france et en allemagne


Qu’on me pardonne de venir le premier donner un aspect grave, peut-être même un peu rébarbatif, à la Libre Revue, jusqu’ici toujours gaie et pimpante, n’offrant à ses lecteurs que quelques petites nouvelles lestement troussées ou des vers frappés au bon coin. J’aurais peut-être reculé si je n’avais fait mes débuts par un article dont le sujet plaira par lui-même au lecteur. Depuis les malheureux événements de 1870, tout ce qui parle des Allemands nous attire. Nous sommes curieux de leurs mœurs et de leurs coutumes ; nous sentons qu’un jour, qui n’est pas loin peut-être, nous nous mesurerons avec le colosse du Nord et nous nous plaisons à penser que sans tarder nous pourrons de nouveau faire abreuver nos chevaux dans le Rhin. Je ne suis pas de ceux qui pensent que l’instiluteur allemand a vaincu les généraux français : nos désastres trouvent une explication plus simple et plus logique et dans l’infériorité de notre armement et dans les fautes trop nombreuses commises dès le début de la guerre. Je suis loin néanmoins de nier l’importance de l’instruction et je pense, au contraire, que l’instruction publique est « l’élément le plus nécessaire à une nation civilisée, et que l’organe capital de sa vie, ce sont les institutions destinées à lui assurer l’acquisition et le développement