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II


MÉMOIRE


lu à l’Institut de droit international, à Munich
le 4 septembre 1883.


Messieurs,

Par une lettre-circulaire, datée du 1er juillet dernier, je vous ai annoncé mon intention de provoquer de votre part l’examen de la question de la neutralité du Congo. Aujourd’hui, puisque vous voulez bien m’accorder la parole, j’essaierai de préciser l’objet de ma proposition, qui me paraît se rattacher au § 9 de l’ordre du jour de cette session : « Examen de toutes propositions dont l’urgence serait reconnue par l’assemblée. »

Je vous en rappellerai, au préalable, les considérants en quelques mots.

Sur la côte occidentale de l’Afrique, vers le 6° de latitude sud, s’ouvre l’estuaire d’un fleuve qui apporte à l’Océan un volume d’eau considérable, mais qui, à 180 kilomètres de la côte, est obstrué par des récifs et des rochers abrupts, si bien qu’on l’a considéré jusqu’à nos jours comme de minime importance, comme une sorte d’impasse, analogue à son voisin le Gabon. Qu’y avait-il au delà des chutes de Yellala ? On l’ignorait et ne s’en inquiétait guère.

Mais les choses ont subitement changé de face, quand Stanley, venant de l’orient, eut débouché à Boma et révélé les richesses du cours supérieur du Congo, navigable, sans compter ses affluents nombreux et puissants, sur un parcours d’environ 1600 kilomètres en amont des cataractes. Aussitôt des expéditions géographiques, humanitaires, religieuses