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Page:La rebellion de 1837 à Saint-Eustache.djvu/195

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“ On voit partout les frères s’élever contre leurs frères,
“ les amis contre leurs amis, les citoyens contre leurs
“ concitoyens, et la discorde, d’un bout à l’autre de la
“ province, semble avoir brisé les liens de la charité qui
“ unissait entre eux les membres d’un même corps, les
“ enfants d’une même église, du catholicisme qui est
“ une religion d’amitié.

“ Encore une fois, nous ne vous donnerons pas notre
“ sentiment comme citoyen sur cette question purement
“ politique, qui a droit ou tort entre les diverses bran-
“ ches du pouvoir souverain. Ce sont de ces choses que
“ Dieu a laissé aux disputes des hommes ; mais la ques-
“ tion morale, savoir, quels sont les devoirs d’un catho-
“ lique à l’égard de la puissance civile établie et consti-
“ tuée dans chaque état ; cette question religieuse, dis-
“ je, est de notre ressort et de notre compétence.

“ Ne vous laissez donc pas séduire si quelqu’un vou-
“ lait vous engager à la rébellion contre le gouvernement
“ établi, sous prétexte que vous faites partie du peuple
“ souverain ; la trop fameuse convention nationale de
“ France, quoique forcée d’admettre la souveraineté du
“ peuple, puisqu’elle lui devait son existence, eut soin de
“ condamner elle-même les insurrections populaires, en
“ insérant dans les déclarations des droits, en tête de la
“ constitution de 1795, que la souveraineté réside non
“ dans une partie, ni même dans la majorité du peuple,
“ mais dans universalité des citoyens.

“ Or, qui oserait dire que, dans ce pays, la totalité des
“ citoyens veut la destruction de son gouvernement ? ”