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Page:La rebellion de 1837 à Saint-Eustache.djvu/220

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était tout tracé. Lorsqu’il se vit en face d’une armée régulière à laquelle il ne pouvait résister, il devait à l’instant hisser un drapeau blanc et courir devant les troupes, pour se constituer prisonnier et sauver les in- surgés. Cet acte eût été celui d’un brave, d’un véritable héros et sa mémoire eût passée à la postérité ; mais non, et comme on me l’a fait observer bien des fois, le Dr. Chénier savait ou supposait qu’une fois fait prisonnier, il serait condamné à monter sur l’échafaud, et dans un moment de doute, de veitige, il préféra sacrifier ses compatriotes et mourir au milieu d’eux.

D’autres disent que s’étant réfugié dans l’église aussi- tôt que l’alarme fut donnée, il y fit clouer et barricader les portes, et qu’aussitôt après, il fit monter ses compa- gnons d’armes, bon gré mal gré, dans les jubés dont les escaliers furent coupés, et que ce n’est qu’après cela qu’il put voir l’armée anglaise s’avançant ; mais qu’il était trop tard alors pour se rendre, puisqu’il s’était lui- même emprisonné fâcheusement, et que le sort voulait qu’il pérît dans cette triste position.

En s’enfermant ainsi, croyait-il réellement alors à l’ar- rivée de l’ennemi ? Voilà ce que je ne sais pas. Enfin, je ne puis pas non plus attester la vérité de l’opinion plus haut relatée, et je crois que la situation périlleuse oh il se trouvait confiné, lui avait fait perdre totalement la tête. Ou bien, comme le dit M. l’abbé Paquin, croyait-il, lui aussi, comme les insurgés, n’avoir à combattre que la cavalerie qui venait d’apparaître en face du village, ne voyant point l’infanterie qui venait