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Page:La rebellion de 1837 à Saint-Eustache.djvu/225

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une autre direction et moi j’allai me cacher dans la petite chapelle qui se trouvait alors dans le cimetière et où je fus fait prisonnier par un soldat.

Quand nous sautâmes par la fenêtre, il n’y avait pas un seul soldat ou volontaire dans le cimetière ; la troupe était alors devant l’église et le couvent. Le Dr. Chénier a-t-il été tué sous le petit pont où il allait se cacher ou l’a-t-il été en se sauvant de cet endroit ? Voilà ce que je ne puis certifier, mais je sais qu’il a été tué quelques instants après que nous eûmes sauté par la fenêtre de l’église.

Maintenant, si on désire connaître mon opinion sur les troubles de 1837, la voici : c’est que comme bien d’autres malheureux, je m’étais laissé tromper, puis monter la tête par nos chefs, dans lesquels nous avions une confiance aveugle. Malheureusement, moi pour un, je ne connaissais nullement l’art militaire et ne savais le dommage ou le dégât que pouvaient faire les canons, la mitraille et je ne l’ai connu que trop tard ; mais nos chefs, eux, qui connaissaient le danger et toutes les conséquences folles de notre défense, devaient-ils nous engager et nous forcer à combattre ? Ne savaient-ils pas que plusieurs d’entre nous, au lieu d’avoir des armes à feu nous n’avions que des fourches, que des tisonniers, puis des faulx converties en sabre, pour nous défendre contre une troupe nombreuse, bien aguerrie, bien disciplinée, et contre une puissante artillerie ? Oh ! si j’eusse alors connu les conséquences désastreuses des fautes que nos chefs devaient nous faire commettre, je ne me serais jamais aventuré dans cette malheureuse affaire.