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Page:La rebellion de 1837 à Saint-Eustache.djvu/69

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— XIII —

St-Eustache M. Paquin ajouta avec émotion : " Je vous accuse devant Dieu et devant les hommes de tous ces malheurs !" "C’est vous, M. le curé, que j’en accuse à mon tour (répondit le Docteur), vous nous avez nui extraordinairement ; vous êtes la cause du refroidissement qu’éprouve la paroisse en ce moment-ci. Vous devriez être à notre tête quand nous irons combattre, pour nous donner l’absolution."

"Nous, faire une semblable action (reprit M. Paquin), non jamais, ne l’espérez pas ; ce serait agir contre notre propre conscience, contre les décisions de l’église, et contre les intérêts du gouvernement et du pays. Cette absolution vous damnerait en nous perdant nous-mêmes."

Cette conversation eut lieu en présence de M, Desèves, du Dr. Brien, de St-Martin, et de plusieurs habitans de la paroisse. M, le curé finit en disant qu’il saurait bien se rendre à Montréal et que personne ne l’arrêterait. "Eh bien, répondit le Dr. Chénier, s’il n’y a personne d’assez brave pour le faire, moi-même je vous arrêterai."

Il fallut bien alors renoncer au voyage de Montréal, et se résigner à attendre au milieu de la plus vive inquiétude ce qu’il plairait à la providence d’ordonner sur le sort de St-Eustache. Le Dr. Chénier alla immédiatement rejoindre ses gens et les aider dans leurs efforts pour réunir des partisans et ramasser des provisions pour les attirer.

Il ne sera peut-être pas hors de propos de donner ici une copie des passes ou permis donnés par le Dr. Chénier à ceux qui voulaient sortir de la paroisse. En voici une qui fut donnée à un honnête homme, menuisier du village, lorsqu’il se retira à Montréal pour se dérober aux vexations journalières que sa loyauté connue lui faisait éprouver. Elle est mot à mot conforme à l’original

 
" Passe à Fleury Tison.
 
" 4 décembre 1837.
 
"J. O. Chénier, commandant."