Page:La rebellion de 1837 à Saint-Eustache.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— XXX —

chemin droit de St-Martin à St-Eustache. Le général savait que ses forces étaient attendues par cette route, que les ponts étaient coupés et le chemin obstrué de plusieurs embarras. En outre, il craignait d’exposer ses hommes à être inutilement massacrés, sans qu’ils pussent se défendre, en traversant le long bois de St-Martin à St-Eustache. L’armée se dirigea donc par la concession appelée le Petit Ste-Rose. Les troupes arrivèrent à la rivière, environ à mi-chemin entre St-Eustache et Ste-Rose, et traversèrent dans un endroit où la rivière est fort large et s’étend entre nombre de petites isles. La glace n’était pas forte ; une pièce d’artillerie et plusieurs chevaux passèrent à travers, mais on parvint à les retirer ; on fut obligé de dételer les chevaux qui traînaient les canons et de les tirer de loin à force de bras. La cavalerie marchait en file simple, les chevaux à lo pieds de distance l’un de l’autre, et l’infanterie prit aussi de grandes précautions ; enfin les troupes gagnèrent heureusement l’autre bord, et s’étant reformées en bon ordre, se mirent en marche sur le village en suivant le côté nord de la rivière.

La compagnie de volontaires de M. Globensky avait pris un chemin plus court de St-Martin à St-Eustache et arriva vis-à-vis St-Eustache avant les troupes dont la traverse avait beaucoup retardé la marche. M. Globensky fit arrêter ses hommes aux quatre fourches du chemin, résolu d’attendre que le reste de l’armée fût en vue avant de se mettre en marche pour traverser.

C’était cette compagnie seulement que les insurgés avaient aperçue d’abord ; plusieurs rebelles s’approchèrent d’eux assez pour les reconnaître. Le gén. Girod partit lui-même à cheval pour aller les examiner : il revint et rapporta qu’ils ne pouvaient être plus de 80. Il fit alors appel aux plus braves de ses guerriers et demanda qui voulait aller les attaquer. 150 hommes se présentèrent sous le commandement du docteur Chénier ; ils partirent pour aller les attaquer, croyant de bonne foi que c’était là toute la force dirigée contre eux.