Page:La rebellion de 1837 à Saint-Eustache.djvu/89

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— XXXIII —

qu’il avait soulevés à leur sort, il s’empara d’un fort bon cheval appartenant à un riche habitant de la petite rivière du Chêne (Jean-Bte Proulx dit Clément), et se mit en devoir de se sauver à toute bride. Il s’arrêta un instant à la maison de M. Eugène Globensky, oU il avait eu son logement, pour y prendre quelque chose qu’il avait oublié. Dans ce moment un habitant’ de la côte St Joseph de St-Eustache voulut le tuer ; mais ceux qui étaient là l’empêchèrent. Cet homme fut tellement irrité de ne pouvoir mettre son projet à exé- cution que, de rage, il brisa son fusil contre la maison, en disant que, puisque les chefs se sauvaient ainsi, il ne tirerait pas un coup et que son fusil ne servirait à per- sonne. Un autre habitant nommé Marcel Charbonneau, du Petit Brûlé, concession de St-Benoît, brûla trois amorces en voulant faire feu sur le général fuyard. " Il faut que je lui flambe la cervelle, disait-il, car il nous a dit assez souvent de faire feu sur lui, s’il reculait d’un seul pas et s’il n’était pas toujours à notre tête. " Le fusil partit avec la quatrième amorce, mais le coup avait été mal dirigé. Girod tournait en ce moment l’extrémité du village pour prendre la route qui conduit à St-Benoît II se sauva à toute bride et sans laisser prendre haleine à son cheval, jusqu’à trois lieues de St-Eustacne. Là, son coursier n’en pouvant plus et refusant d’avancer, il fut forcé de s’arrêter à une auberge tenue par un M. Inglis, M. Inglis était absent. Girod dit à sa dame que ses gens étaient victorieux, et qu’il allait à St-Benoît chercher du renfort pour achever de détruire les troupes. " Mais, lui dit la dame, si vous êtes vainqueurs, pourquoi donc le feu a-t-il été mis au village ? " Car alors la clarté de l’incendie se montrait clairement " Ce n’est rien, dit l’intrépide général, nous avons été obligés pendant la bataille, en repoussant les troupes, de mettre le feu à quelques maisons. " Il se fit donner un énorme verre de boisson forte, puis reprit à toute bride le chemin du Grand-Brûlé.

Féréol Peltier, Hubert, les Lorimier et les autres chefs, 3