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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1002

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devant le Seigneur, elle criait vers le Seigneur, disant :

2. Seigneur, Dieu de mon père Siméon, qui lui avez donné un glaive pour se venger des étrangers qui commirent une violence dans leur profanation, et découvrirent la nudité d’une vierge pour sa confusion ;[1]

3. Qui avez livré leurs femmes en proie, et leurs filles en captivité, et toutes leurs dépouilles en partage à vos serviteurs qui ont brûlé de zèle pour vous, venez, je vous prie. Seigneur mon Dieu, au secours de moi, veuve :[2]

4. Car c’est vous qui avez fait les choses antérieures, et vous avez conçu celles-ci après celles-là ; et il n’a été fait que ce que vous-même avez voulu,

5. Car toutes vos voies sont préparées ; et vos jugements, c’est dans votre providence que vous les avez établis.

6. Regardez maintenant le camp des Assyriens, comme alors vous daignâtes voir le camp des Egyptiens, quand armés ils couraient après vos serviteurs, se confiant en leurs quadriges et leur cavalerie, et dans la multitude de leurs combattants.[3]

7. Mais vous jetâtes un regard sur leur camp, et des ténèbres les fatiguèrent.[4]

8. L’abîme retint leurs pieds, et les eaux les couvrirent.

9. Seigneur, qu’il en soit fait de même de ceux-ci aussi qui se confient en leur multitude, en leurs chariots et en leurs épieux, en leurs boucliers, en leurs flèches, et qui se glorifient en leurs lances,

10. Et qui ne savent pas que c’est vous-même qui êtes notre Dieu, vous qui rompez les guerres depuis le commencement, et que votre nom est le Seigneur.[5]

11. Elevez votre bras comme au commencement, brisez leur force par votre force ; qu’elle tombe devant votre courroux, la force de ceux qui promettent de violer vos choses saintes, de souiller le tabernacle de votre nom, et d’abattre de leur glaive la corne de votre autel.[6]

12. Faites, Seigneur, que par son propre glaive, son orgueil soit tranché :

13. Qu’il soit pris par le piège de ses yeux en me regardant, et vous le frapperez par mes paroles gracieuses.[7]

  1. Judith 9,2 : Voir Genèse, 34, 26. ― Judith loue ici le zèle que Siméon avait mis à venger la gloire de Dieu et l’outrage fait par les Sichémites à sa sœur ; mais nullement la manière inhumaine dont il avait exercé cette vengeance. Voir Genèse, 34, 30 ; 49, 5-7.
  2. Judith 9,3 : Qui ont brûlé, etc., littéralement et par hébraïsme, qui ont zélé le zèle, ou ont été zélé de zèle.
  3. Judith 9,6 : Voir Exode, 14, 9.
  4. Judith 9,7 : Les fatiguèrent. Au passage de la mer Rouge, les Egyptiens furent dans l’inquiétude ; ils ne pouvaient pas avancer à cause des ténèbres qui les enveloppaient. Voir Exode, 14, vv. 19, 24.
  5. Judith 9,10 : Vous rompez ; vous faites cesser, vous arrêtez.
  6. Judith 9,11 : Vos choses saintes. Voir Judith, 4, 10. ― La corne de votre autel. Il y avait aux quatre coins de l’autel des holocaustes quatre éminences en formes de cornes.
  7. Judith 9,13 : Par mes paroles gracieuses ; littéralement par les lèvres de ma grâce. Comparer (Psaumes, 44, 3) à l’expression la grâce est répandue sur vos lèvres. Ici, comme souvent ailleurs, saint Jérôme a donné à un mot latin, dérivé du grec, le sens qu’il a dans cette dernière langue. ― Judith se proposait d’user de sa beauté pour perdre Holoferne, mais son but unique était de sauver son peuple en faisant périr le chef de l’armée ennemie. C’est son intention qui fait le mérite de son action. Elle exposait sa propre vie pour le salut d’Israël. Elle avait d’ailleurs le droit de faire périr Holoferne, soit par ruse, soit par violence, puisque le général assyrien faisait la guerre aux habitants de Béthulie.