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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1022

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2. Et tous les serviteurs du roi qui étaient à la porte du palais, fléchissaient les genoux et adoraient Aman ; ainsi, en effet, leur avait ordonné le souverain. Le seul Mardochée ne fléchissait point le genou devant lui et ne l’adorait point.[1]

3. Les serviteurs du roi qui gardaient la porte du palais, lui dirent : Pourquoi n’observes-tu pas comme les autres l’ordre du roi ?

4. Et comme ils le lui disaient très souvent, et que lui ne les écoutait pas, ils en avertirent Aman, désirant savoir s’il persisterait dans sa résolution, car il leur avait dit qu’il était Juif.

5. Lorsqu’Aman l’eut appris, et que, par expérience, il eut reconnu que Mardochée ne fléchissait point le genou devant lui et ne l’adorait point, il fut très irrité.

6. Et il compta pour rien de porter ses mains sur le seul Mardochée ; car il avait appris qu’il était de la nation juive, et il aima mieux perdre toute la nation des Juifs qui étaient dans le royaume d’Assuérus.

7. Au premier mois (dont le nom est Nisan), la douzième année du règne d’Assuérus, le sort qui en hébreu se dit phur, fut jeté dans l’urne devant Aman, auquel jour et auquel mois la nation des Juifs devait être exterminée ; et le douzième mois, qui est appelé Adar, sortit.[2]

8. Et Aman dit au roi Assuérus : Il y a un peuple dispersé dans toutes les provinces de votre royaume, divisé lui-même, ayant des lois et des cérémonies nouvelles, et de plus méprisant les décrets du roi. Or vous savez très bien qu’il importe à votre royaume qu’il ne devienne pas plus insolent par la licence.

9. S’il vous plaît ainsi, décrétez qu’il périsse, et je pèserai dix mille talents aux trésoriers de votre épargne.[3]

    l’hébreu Agagi par Μαχεδῶν, le Macédonien. Néanmoins, le nom de Haman, ainsi que celui de son père, trahit une origine médo-perse. Nous savons maintenant, par les inscriptions de Khorsabad, que le pays d’Agag composait réellement une partie de la Médie. Or, voilà donc une nouvelle circonstance qui montre, jusque dans ses moindres détails, la valeur historique du livre d’Esther. » (OPPERT.) ― On voit par là que l’objection faite contre Esther, 16, 10, et tirée de ce que, dans ce passage, Aman est qualifié de Macédonien, est sans valeur. Ce passage ne contredit pas, comme on le prétendait, Esther, 3, vv. 1, 10 ; 8, 3 ; 9, vv. 6, 24. Le mot de Macédonien, dans le chapitre 16, vient de ce que les traducteurs grecs, d’après lesquels a été faite la version de ce chapitre 16, ont rendu à tort, ici comme à Esther, 9, 23 (24), le mot Agagite par Macédonien.

  1. Esther 3,2 : Le seul Mardochée ne fléchissait pas le genou, sans doute parce qu’il considérait cette prostration comme un acte d’idolâtrie. Les Spartiates refusèrent de rendre à Xerxès un hommage semblable.
  2. Esther 3,7 : Le mois de Nisan commençait à la nouvelle lune de mars, et le mois d’Adar, à la nouvelle lune de février. ― Phur ; mot persan qui a été adopté par les Hébreux. Comparer à Esther, 9, 24. ― On tirait douze sorts, pour les douze mois de l’année.
  3. Esther 3,9 : Je pèserai ; c’est-à-dire je donnerai le poids, je payerai. ― Dix mille talents. Si c’étaient les talents d’argent des Hébreux, ils feraient environ 44 145 000 francs (en 1902) ; mais s’il s’agissait des talents babyloniens, les dix mille donneraient tout au plus 21 000 000 de francs (en 1902). Quoi qu’il en soit, Aman espérait recueillir de la confiscation des Juifs mis à mort la somme qu’il promettait.