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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/106

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[ch. xxxiii.]
La Genèse.


dit : Je ne vous laisserai point, si vous ne me bénissez.

27. Il lui demanda donc : Quel est ton nom ? Il répondit : Jacob.

28. Mais l’homme : On ne t’appellera plus, dit-il, du nom de Jacob, mais du nom d’Israël ; parce que si tu as été fort contre Dieu, combien plus prévaudras-tu contre les hommes ?[1]

29. Jacob lui demanda : Dites-moi, de quel nom vous appelez-vous ? Il répondit : Pourquoi demandes-tu mon nom ? Et il le bénit en ce même lieu.

30. Jacob appela ce lieu du nom Phanuel, disant : J’ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée.[2]

31. Et le soleil se leva aussitôt après qu’il eut passé Phanuel ; mais il boitait d’un pied.

32. C’est pour ce motif que les enfants d’Israël ne mangent point jusqu’au présent jour, le nerf qui se dessécha dans la cuisse de Jacob, parce que l’ange toucha le nerf de sa cuisse, qui fut paralysé.

CHAPITRE 33.

Rencontre de Jacob et d’Esaü. Jacob se retire à Socoth, et de là il se rend à Sichem.

1. Mais Jacob, levant les yeux, vit Esaü venant, et avec lui quatre cents hommes ; il sépara aussitôt les enfants de Lia, de Rachel et des deux servantes ;

2. Il mit l’une et l’autre servante et leurs enfants en avant. Lia et ses enfants en second lieu, mais Rachel et Joseph les derniers.

3. Et lui-même s’avançant, se prosterna, incliné vers la terre par sept fois, jusqu’à ce que son frère approchât.[3]

4. C’est pourquoi Esaü, courant au-devant de son frère, l’embrassa ; et, serrant étroitement son cou et le baisant, il pleura.

5. Puis, les yeux levés, il vit les femmes et leurs petits enfants, et dit : Que signifient ceux-ci ? est-ce à toi qu’ils appartiennent ? Il répondit : Ce sont les petits enfants que Dieu a donnés à votre serviteur.

6. Et s’approchant, les servantes et leurs fils se prosternèrent.

7. Lia aussi s’approcha avec ses enfants ; et quand ils se furent pareillement prosternés, Joseph et Rachel se prosternèrent les derniers.

8. Alors Esaü dit : Quelles sont ces troupes que j’ai rencontrées ? Jacob répondit : C’est pour trouver grâce devant mon seigneur.

9. Mais Esaü reprit : J’ai beaucoup de biens, mon frère, que les tiens restent à toi.

  1. Gn. 32,28 : On ne t’appellera plus, etc., c’est-à-dire : Tu ne t’appelleras plus seulement Jacob, tu t’appelleras aussi Israël. Ce dernier nom fut donné plus particulièrement à ses descendants, puisqu’ils ne furent connus que sous la dénomination d’Israélites.
  2. Gn. 32,30 : Comme on l’a déjà remarqué plusieurs fois, par le mot âme les Hébreux entendaient souvent la personne, l’individu même. Comme c’était anciennement une opinion générale que l’on ne pouvait voir Dieu ou un ange sans en mourir, quelques interprètes supposent que le sens de ce passage est : J’ai vu le Seigneur, et cependant je n’en suis pas mort ; mais il est plus naturel de croire que Jacob voulait dire par là que Dieu l’avait délivré de la frayeur extrême qu’il avait de son frère Esaü, au-devant duquel il alla ensuite avec plus de confiance. ― Phanuel était probablement entre le Djébel Adjloun et le Djébel Djeloud.
  3. Gn. 33,3 : Se prosterna ; littéralement : adora. Voir Genèse, 18, 2.