Aller au contenu

Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
1091
INTRODUCTION AU LIVRE DES PSAUMES.

Homme, le Messie, représentant de l’Humanité auprès de son Père ; leur auteur parle presque toujours au nom de Jésus-Christ, ou au moins en termes qu’on peut lui appliquer. Dieu, en faisant du Psalmiste l’interprète des sentiments de l’humanité, l’a fait par là même l’interprète des sentiments de son Fils, qui est le second Adam, l’homme par excellence ; c’est ainsi que le cri de David s’est trouvé tout à la fois le cri par excellence du Messie et de la nature humaine.

« Celui qui sait combien il y a de flots dans la mer et combien de larmes dans l’œil de l’homme ; celui qui voit les soupirs du cœur quand ils ne sont pas encore, et qui les entend encore, quand ils ne sont plus ; celui-là seul pourrait dire combien de pieux mouvements, combien de vibrations célestes a produit et produira dans les âmes le retentissement de ces merveilleux accords, de ces cantiques prédestinés, lus, médités, chantés à toutes les heures du jour et de la nuit, sur tous les points de la vallée des larmes. Ces psaumes de David sont comme une harpe mystique suspendue aux murs de la vraie Sion. Sous le souffle de l’esprit de Dieu, elle rend des gémissements infinis, qui, roulant d’écho en écho, d’âme en âme, réveillant dans chacune d’elles un son qui s’unit au chant sacré, se répandent, se prolongent et s’élèvent comme l’universelle voix du repentir. » (Mgr Gerbet.)

« [David] est le premier des poètes du sentiment, dit Lamartine ; c’est le roi des lyriques. Jamais la fibre humaine n’a résonné d’accords si intimes, si pénétrants et si graves ! jamais la pensée du poète ne s’est adressée si haut et n’a crié si juste ! jamais l’âme de l’homme ne s’est répandue devant l’homme et devant Dieu en expressions et en sentiments si tendres, si sympathiques et si déchirants ! Tous les gémissements les plus secrets du cœur humain ont trouvé leurs voix et leurs notes sur les lèvres et sur la harpe de cet homme ! et si l’on remonte à l’époque reculée où de tels chants retentissaient sur la terre ; si l’on pense qu’alors la poésie lyrique des nations les plus cultivées ne chantait que le vin, l’amour, le sang, et les victoires des Muses et des coursiers dans les jeux de l’Élide, on est saisi d’un profond étonnement aux accents mystiques du roi-prophète, qui parle au Dieu créateur comme un ami à son ami, qui comprend et loue ses merveilles, qui admire ses justices, qui implore ses miséricordes, et semble un écho anticipé de la poésie évangélique, répétant les douces paroles du Christ avant de les avoir entendues. [Personne ne peut] refuser au poète-roi une inspiration qui ne fut donnée à aucun autre homme ! Lisez de l’Horace ou de Pindare après un psaume ! Pour moi, je ne le peux plus ! »

« David est le prince de la prière et le théologien de l’Ancien Testament, dit Lacordaire. C’est avec ses Psaumes que prie l’Église universelle, et elle trouve dans cette prière, outre la tendresse du cœur et la magnificence de la poésie, les enseignements d’une foi qui a tout su du Dieu de la création, et tout prévu du Dieu de la rédemption. Le Psautier était le manuel de la piété de nos pères ; on le voyait sur la table du pauvre comme sur le prie-Dieu des rois. Il est encore aujourd’hui, dans la main du prêtre, le trésor où il puise les aspirations qui le conduisent à l’autel, l’arche qui l’accompagne aux périls du monde, comme au désert de la méditation.

« Nul autre que David n’a mieux prié ; nul autre, préparé par plus de malheurs et plus de gloire, par plus de vicissitudes et plus de paix, n’a mieux chanté la foi de tous les âges, et mieux pleuré les fautes de tous les hommes. Il est le père de l’harmonie surnaturelle, le musicien de l’éternité dans les tristesses du

.69