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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/144

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[ch. ii.]
L’EXODE.

chefs de travaux, pour les accabler de charges : et ils bâtirent à Pharaon les villes des tentes, Phithom et Ramessès.

12. Mais plus on les opprimait, plus ils se multipliaient et croissaient.

13. Et les Égyptiens haïssaient les enfants d’Israël et les affligeaient en leur insultant.

14. Et ils rendaient leur vie amère par des ouvrages pénibles de mortier et de briques, et par toute espèce de servitude dont ils les accablaient dans des ouvrages de terre.

15. Or le roi d’Égypte parla aux sages-femmes des Hébreux, dont l’une se nommait Séphora et l’autre Shua,

16. Leur ordonnant : Quand vous accoucherez les femmes des Hébreux, et que le temps de l’enfantement sera venu, si c’est un garçon, tuez-le ; si c’est une fille, conservez-la.

17. Mais les sages-femmes craignirent Dieu, et ne firent pas selon l’ordre du roi d’Egypte ; mais elles conservaient les garçons.

18. Appelées devant lui, le roi dit : Qu’est-ce que vous avez voulu faire, en conservant les garçons ?

19. Elles répondirent : Les femmes des Hébreux ne sont pas comme les femmes égyptiennes ; car elles savent accoucher elles-mêmes ; aussi avant que nous venions vers elles, elles enfantent.

20. Et Dieu fit du bien aux sages-femmes ; et le peuple s’accrut et se fortifia extrêmement.

21. Et parce que les sages-femmes craignirent Dieu, il leur bâtit des maisons.[1]

22. Pharaon commanda donc à tout son peuple, disant : Tout ce qui naîtra du sexe masculin, jetez-le dans le fleuve ; tout ce qui naîtra du féminin, conservez-le.

CHAPITRE 2.

Naissance de Moïse, sa fuite dans le pays de Madian ; son mariage avec Séphora.

1. Après cela un homme de la famille de Lévi sortit et prit une femme de sa race ;[2]

2. Laquelle conçut et enfanta un fils ; et le voyant beau, elle le cacha pendant trois mois.[3]

3. Mais comme elle ne pouvait plus le cacher, elle prit une corbeille de jonc, et l’enduisit de bitume et de poix ; puis elle mit dedans le petit enfant, et l’exposa parmi les joncs de la rive du fleuve,[4]

    de deux à trois mètres d’épaisseur. Les arsenaux de Phithom, comme ceux de Ramessès, étaient sans doute destinés à recueillir ou à garder les provisions de tout genre et spécialement de grains, qui étaient nécessaires aux pharaons pour leurs campagnes contre l’Asie. Le Tell el-Maskhûta actuel, l’antique Phithom, était probablement du temps de Moïse une ville frontière, et pour ce motif elle devait être fortifiée, afin de ne pas être exposée à un coup de main de la part des nomades du désert. C’est ce qui explique la construction de ces murs d’enceinte qui ont duré jusqu’à nos jours. ― La ville de Ramessès, bâtie aussi par les Hébreux, était vraisemblablement dans le voisinage de Phithom, puisqu’elle était également un arsenal et une place forte, de la terre de Gessen, mais le site en est inconnu.

  1. Ex. 1,21 : Il leur bâtit des maisons ; c’est-à-dire il leur accorda une nombreuse famille. Dieu, en cela, ne voulut point récompenser leur mensonge, mais la bonté de leur cœur ; car, comme le remarque saint Augustin, il ne laisse rien sans récompense.
  2. Ex. 2,1 : Voir Exode, 6, 20.
  3. Ex. 2,2 : Voir Hébreux, 11, 23.
  4. Ex. 2,3 : * Du fleuve du Nil, sans doute sur la branche tanitique, près de la ville de Tanis.