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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1894

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1862
[ch. i]
ÉZÉCHIEL.


2. Le cinquième du mois, c’est la cinquième année de la transmigration du roi Joachim,

3. La parole du Seigneur fut adressée à Ezéchiel, le prêtre, fils de Buzi, dans la terre des Chaldéens, près du fleuve de Chobar, et là fut sur lui la main du Seigneur.[1]

4. Et je vis, et voilà qu’un vent de tourbillon venait de l’aquilon ; et une grande nuée, et un feu tournoyant, et une lumière éclatante tout autour, et du milieu, c’est-à-dire du milieu du feu, brillait comme une espèce de succin ;[2][3]

5. Et au milieu du feu la blance[4]

    potamie et se jette dans l’Euphrate. ― Il est assez difficile de savoir au juste quel est ce fleuve Chobar, Kebâr. Ce n’est pas le Chaboras, Khâbor, de Gozan, qui se jette dans le Tigre, voir 4 Rois, 17, 6, puisque ce nom est écrit différemment ; c’est, d’après la plupart des anciens interprètes, le Khabour actuel, qui arrose la haute Mésopotamie et se jette dans l’Euphrate ; il est cependant plus vraisemblable que ce nom désigne ici un des canaux de l’Euphrate, dans les environs de Babylone, parce que le texte ajoute, verset 3, dans la terre des Chaldéens, désignation qu’on ne peut appliquer au Khabour, qui coule au nord de Babylone, tandis que la Chaldée était située au sud de cette ville.

  1. Éz. 1,3 : La main du Seigneur ; c’est-à-dire, l’action, la force, l’énergie de l’Esprit-Saint dit Théodoret.
  2. Éz. 1,4-28 : Les trois premiers grands prophètes reçurent chacun leur mission dans une vision qui en marque le caractère spécial, voir Isaïe, chapitre 6 ; Jérémie, chapitre 1 ; Ezéchiel, du chapitre 1 au chapitre 3, verset 21. Eloigné du temple et de la cité sainte, Ezéchiel vit en exil, près du fleuve Chobar, en Chaldée. Là se trouvaient une partie des Juifs qui avaient été déportés en même temps que le roi Jéchonias, par Nabuchodonosor, lors de son second siège contre Jérusalem. Le but que s’était proposé la Providence, en condamnant son peuple à la captivité, avait été, non pas de l’abandonner, mais de le convertir et de le purifier. Elle suscita donc un prophète destiné à rappeler aux captifs que le Dieu de leurs pères ne les délaisserait pas, mais qu’il tiendrait fidèlement toutes les promesses qu’il leur avait faites, et enverrait un jour à leurs enfants le libérateur qu’il leur avait annoncé. ― Aux enfants de Jacob, transplantés sur une terre étrangère, Dieu fait parler par son Prophète un nouveau langage. C’est en hébreu qu’il s’adresse encore aux captifs ; mais les images dont il va se servir sont empruntées en grand nombre au spectacle nouveau qu’ils ont sous les yeux, aux monuments de l’art assyro-chaldéen en particulier. ― Dieu se révèle à son Prophète sous une forme humaine assez semblable à celle par laquelle les Assyro-Chaldéens représentaient le Dieu suprême. Il était porté sur ce qu’on a appelé improprement char, d’où le nom de vision du char que les rabbins donnent à cette théophanie ou manifestation divine. Des anges, d’une forme extraordinaire, apparaissent à Ezéchiel, comme les ministres des volontés du Seigneur. Il les décrit comme des animaux symboliques, sans les désigner par un nom particulier ; il apprit plus tard qu’ils s’appelaient chérubins. On a découvert ces dernières années, dans les ruines des palais de l’Assyrie, des animaux sculptés qui portent précisément le même nom et ressemblent d’une manière frappante aux animaux décrits par le Prophète. Les chérubins avaient la forme de quatre animaux distincts. Ils avaient un corps de lion à droite et un corps de taureau à gauche, avec des pieds droits ; une figure d’homme et des ailes d’aigles. Ils se regardaient deux à deux, face à face, comme dans les palais royaux et les temples d’Assyrie, et ils produisaient ainsi l’impression que décrit le Prophète : « Ils ne se retournaient pas quand ils marchaient, mais chacun d’eux allait devant sa face. » En réunissant en eux les caractères des quatre rois de la création animée, ils nous apparaissent comme l’emblème de toutes les qualités physiques et morales.
  3. Éz. 1,4 : Un vent, etc. C’est Nabuchodonosor qui devait venir du côté du nord dans la Judée pour la désoler. Quoique Ezéchiel fût dans la Mésopotamie, Dieu lui représente les objets comme s’il eût été en Judée. ― De succin (electri) ; que les anciens appelaient electrum, à cause de sa couleur jaune. ― * Au lieu de succin, il faut plus probablement entendre un émail aux couleurs éclatantes.
  4. Éz. 1,5 : La ressemblance, etc. Le Prophète ne nous donne pas ces animaux pour réels,