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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/2180

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9. Et j’ai dit : Je ne vous paîtrai pas ; que ce qui meurt meure, que ce qui est retranché soit retranché ; que les autres dévorent chacun la chair de son prochain.[1]

10. Et je pris la houlette qui s’appelait Beauté, et je la brisai, pour rendre vaine mon alliance que j’ai faite avec tous les peuples.

11. Et cette alliance fut rendue vaine en ce jour-là, et les pauvres du troupeau qui me gardent fidélité ont reconnu que c’était la parole du Seigneur.

12. Et je leur dis : Si cela est bon à vos yeux, apportez-moi ma récompense ; et sinon, demeurez en repos. Et ils pesèrent ma récompense, trente pièces d’argent.[2][3]

13. Et le Seigneur me dit : Jette au statuaire ce prix magnifique auquel j’ai été évalué par eux. Et je pris les trente pièces d’argent, et je les jetai dans la maison du Seigneur au statuaire.

14. Et je brisai ma seconde houlette qui s’appelait Cordelette, afin de détruire la fraternité entre Juda et Israël.[4]

15. Et le Seigneur me dit : Prends encore les instruments d’un pasteur insensé.[5]

16. Parce que voici que moi, je susciterai sur la terre un pasteur qui ne visitera pas la brebis abandonnée, ne recherchera pas l’égarée, et ne guérira pas la blessée, et ne nourrira pas celle qui se tient ferme sur ses pieds, mais mangera les chairs des grasses, et brisera leurs sabots.

17. Ô pasteur et idole, qui abandonne le troupeau ; un glaive tombera sur son bras et sur son œil droit ; son bras sera entièrement desséché ; et son œil droit sera tout couvert de ténèbres.[6]

  1. Zach. 11,9 : Ce verset semble annoncer les trois fléaux les plus redoutables, la guerre, la peste et la famine.
  2. Zach. 11,12-13 : Comparer cette prophétie avec Matthieu, 26, 15 ; 27, verset 3 et suivants.
  3. Zach. 11,12 : Voir Matthieu, 27, 9.
  4. Zach. 11,14 : Juda désigne les Juifs fidèles qui crurent en Jésus-Christ, et Israël, les Juifs endurcis qui le rejetèrent.
  5. Zach. 11,15 : Les instruments (vasa), etc., tels qu’une besace percée qui ne pourrait pas contenir ce qui est nécessaire pour lui et pour ses brebis, une houlette noueuse ou ferrée dont les coups blessent et donnent même la mort. Ce pasteur insensé qui succède au vrai pasteur, à Jésus-Christ, est Caligula, ou Claude ou enfin Néron ; car selon les historiens romains eux-mêmes, ces trois empereurs étaient des insensés ou des furieux ; et le portrait qu’en fait Zacharie au verset suivant, leur convient parfaitement.
  6. Zach. 11,17 : O pasteur et idole, c’est-à-dire, fantôme de pasteur. ― Un glaive, etc. L’historien Josèphe assure (Antq., I, XIX, chapitre 1) que lorsque Caligula fut tué par Chéréas et par ses conjurés, on lui porta le premier coup au haut du bras entre le cou et l’épaule ; et que comme il voulait se sauver, un des conjurés le fit tomber à terre sur ses genoux, et qu’il fut achevé par les autres. Ce fut sans doute alors qu’il reçut sur l’œil droit le coup dont parle Zacharie. Ajoutons que l’œil droit et le bras peuvent être employés ici d’une manière figurée pour désigner la force et la lumière de l’homme, ce que l’homme a de plus cher de plus nécessaire.