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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/2333

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DE LA SECONDE ÉDITION.


territoire propre à la juridiction dont elle émane, elle ne place pas la version au-dessus de toute contestation ; que dis-je? Elle peut être précipitée, hasardée, erronée et reprouvée par l’Église. C’est ainsi que la version française de Richard Simon, imprimée à Trévoux avec l’approbation de deux docteurs de Sorbonne, fut condamnée par Bossuet ; c’est ainsi que le Nouveau Testament de Mons, approuvé par plusieurs théologiens, fut condamné par les évêques de France et par le Saint-Siège ; c’est ainsi que la version du P. Quesnel, approuvée par le cardinal de Noailles, d’abord évéque de Châlons, ensuite archevêque de Paris, fut condamnée par l’épiscopat français et par Clément XI (1). » Ainsi le second genre d’approbation appartient incontestablement à notre Traduction. Quant aux corrections (emendationibus) dont il est parlé dans le Décret, nous pouvons prouver, pièces en main, que la Sacrée Congrégation n’a pas eu à signaler, soit dans la traduction du texte, soit dans les noies, une seule faute ayant quelque importance, mais seulement des observations relatives à une rédaction plus soignée de quelques phrases, et à quelques expressions mieux choisies.

Quant au second reproche adressé à notre traduction, celui qui regarde le système de rigoureuse littéralité que nous avons constamment suivi, nous pensons en être pleinement justifié par la considération que ce système nous a été imposé par le traducteur sans égal, Bossuet, que nous avons pris pour modèle, et à qui, par conséquent, nous avons dû faire le plus d’emprunts possible. Or, Bossuet ne connaît pas de raison suffisante d’abandonner jamais, même au détriment du génie de notre langue, une littéralité qui rend le texte et le texte tout entier dans sa simplicité, dans sa rudesse, et, le cas échéant, dans ses ombres et son obscurité ; une littéralité qui n’autorise point la licence criminelle d’introduire dans le texte des paraphrases qu’on devrait renvoyer dans les notes, pour ne point mêler ou substituer la pensée de l’homme à la pensée de Dieu ; une littéralité qui ne veut pas que par un esprit de ménagement et une fausse délicatesse on donne un sens vague à un terme précis ; une littéralité qui exige non seulement que les expressions et les tours identiques dans le texte se rendent de la même sorte dans la traduction ; mais encore que la figure du texte, son allure, sa manière d’être, sa physionomie, soient fidèlement reproduites, en conservant tous les idiotismes grecs ou hébreux. Enfin, Bossuet ne connaît pas de raison suffisante d’abandonner une littéralité, qui, en présence du texte sacré, rejetant toutes les pompes de l’éloquence humaine, parle simplement et comme de mot à mot la langue des pauvres pécheurs de Galilée. Ces considérations, que Bossuet a répandues çà et là dans ses écrits (2),

  1. (1) J.-B. Malou, La lecture de la Bible en langue vulgaire, etc., t. I, p. 74, 76.
  2. (2) M. Wallon, de l’Institut, digne interprète de Bossuet, a réuni la plupart de ces considérations dans les Èvangiles, traduction de Bossuet, mise en ordre. Avertissement, passim.