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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/2338

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AVERTISSEMENT


ner, puisque, malgré son érudition d’ailleurs prodigieuse, Bossuet manquait d’une connaissance indispensable à tout exégète de la Bible, de la connaissance de l’hébreu.

Mais nous devons au lecteur quelques explications sur la nature de notre propre travail. Le premier devoir d’un traducteur étant de choisir un texte qui puisse donner toutes les garanties désirables, nous nous sommes entièrement conformé à l’édition de la Vulgate donnée à Turin par Hyacinthe Marietti, et approuvée par un décret de la Congrégation de l’Index, en date du 26 juin 1856. Quant à notre traduction elle-même, ce qui la caractérise surtout, c’est une rigoureuse littéralité. Ainsi, toutes les fois que les exigences de notre langue ne s’y sont pas opposées, nous avons rendu la Vulgate mot pour mot. Or, voici les avantages que nous avons cru trouver dans ce genre d’interprétation. D’abord la Bible conserve mieux son admirable simplicité, sa noble concision, la richesse et la vivacité de ses images, la hardiesse de ses tropes ; en un mot, tout le charme d’un style pittoresque, qui attache le lecteur sans le fatiguer jamais. En second lieu, toutes les traductions autorisées ont suivi le système de la littéralité, et la Vulgate elle-même s’y est généralement conformée ; car le manque de clarté qu’on lui reproche dans un grand nombre de passages vient précisément de ce que son auteur a cru devoir expliquer les textes originaux au pied de la lettre (1). Troisièmement enfin, le respect même dû à la parole de Dieu nous a empêche d’adopter le mode d’une traduction libre, comme exposant continuellement le traducteur à faire prendre le change sur le vrai sens des écrivains sacrés, en leur prêtant des idées qui ne sont pas les leurs. Cependant, hâtons-nous de le dire, partout où une trop grande littéralité ne rendait pas assez fidèlement ou assez clairement la pensée de ces écrivains, nous l’avons abandonnée ; mais, dans ce cas même, nous ne nous en sommes éloigné que le moins possible, et en reproduisant dans les notes les termes et les constructions que notre langue ne permettait pas d’introduire dans le corps du texte. D’un autre côté, nous n’avons pas cru nous en écarter, en traduisant certains mots de plusieurs manières, parce que dans les textes primitifs ils offrent réellement une variété de sens. Tel est, par exemple, le verbe dire (en latin dico) qui, en hébreu aussi bien qu’en chaldéen, en syriaque et en arabe, signifie souvent répondre, répliquer, repartir, etc., et auquel saint Jérôme lui-même a substitué tantôt inquio, tantôt aio. Tel est encore répondre (respondeo), mot représentant l’hébreu hana, primitivement élever la voix, crier ; combien de fois n’échange-t-il point sa signification première contre celle de prendre la parole, ou parler avant tout autre ? Et, pour ne plus citer qu’un exemple en ce genre, la même particule et ne réunit-elle pas, dans les quatre langues orientales que nous venons de nommer, les nuances diverses de mais, cependant, en outre, ensuite, etc., tandis qu’en mille endroits elle devient purement pléonastique pour un traducteur français, surtout quand elle marque simplement l’apodose ? Enfin, on ne viole certainement pas les lois de la littéralité, ni en négligeant dans une traduction française les particules quia, quoniam, quand elles ne sont qu’explicatives, ou en les rendant par disant, en disant, lorsque,

  1. (1) Plusieurs critiques ont objecté que saint Jérôme s’est souvent éloigné du texte hébreu ; nous avons répondu ailleurs â cette objection ; nous nous bornerons à dire ici que le texte hébreu que lisait le saint docteur était évidemment différent du nôtre dans plusieurs endroits