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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/2400

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[ch. xvi.]
L’ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.

CHAPITRE 16.

Prodige demandé et refusé. Levain des pharisiens et des sadducéens. Confession et primauté de saint Pierre. Jésus-Christ prédit sa passion, sa mort et sa résurrection. Saint Pierre repris. Croix et renoncement à soi-même.

1. Alors vinrent à lui les pharisiens et les sadducéens, pour le tenter, et ils le prièrent de leur faire voir un prodige dans le ciel.[1]

2. Mais Jésus répondant leur dit : Le soir venu, vous dites : Il fera beau, car le ciel est rouge.[2]

3. Et le matin : Aujourd’hui, de l’orage, car le ciel est sombre et rougeâtre.

4. Vous savez donc juger l’aspect du ciel, et vous ne savez pas reconnaître les signes des temps ? Une génération méchante et adultère demande un prodige, et il ne lui sera point donné de prodige, si ce n’est le prodige du prophète Jonas. Et les ayant quittés, il s’en alla.[3]

5. Or, lorsque ses disciples étaient venus de l’autre côté de la mer, ils avaient oublié de prendre des pains.[4]

6. Jésus leur dit : Gardez-vous soigneusement du levain des pharisiens et des sadducéens.[5]

7. Mais eux pensaient en eux-mêmes, disant : C’est parce que nous n’avons pas pris de pains.

8. Or Jésus le sachant dit : Pourquoi pensez-vous en vous-mêmes, hommes de peu de foi, à ce que vous n’avez pas de pains ?

9. Ne comprenez-vous pas encore, et ne vous souvient-il point des cinq pains distribués aux cinq mille hommes, et combien de corbeilles vous avez remportées ?[6]

10. Ni des sept pains distribués aux quatre mille hommes et combien de corbeilles vous avez remportées ?[7]

11. Comment ne comprenez-vous point que ce n’est pas au sujet du pain que je vous ai dit : Gardez-vous du levain des pharisiens et des sadducéens ?

12. Alors ils comprirent qu’il n’avait pas dit de se garder du levain des pains, mais de la doctrine des pharisiens et des sadducéens.

13. Or Jésus vint aux environs de Césarée de Philippe, et il interrogeait ses disciples, disant : Quel est celui que les hommes disent être le Fils de l’homme ?[8]

    la rive occidentale du lac de Tibériade, à l’extrémité méridionale de la plaine de Génésareth, à une heure et quart environ au nord de Tibériade. On croit que c’est là qu’était née Marie-Madeleine et que c’est de Magdala qu’elle tirait son surnom.

  1. Matth. 16,1 : Voir Marc, 8, 11.
  2. Matth. 16,2 : Voir Luc, 12, 54.
  3. Matth. 16,4 : Voir Matthieu, 12, 39 ; Jonas, 2, 1.
  4. Matth. 16,5 : C’était la coutume de ces temps et de ce pays que les voyageurs portassent le pain dont ils pourraient avoir besoin.
  5. Matth. 16,6 : Voir Marc, 8, 15 ; Luc, 12, 1.
  6. Matth. 16,9 : Voir Matthieu, 14, 17 ; Jean, 6, 9.
  7. Matth. 16,10 : Voir Matthieu, 15, 34.
  8. Matth. 16,13 : Voir Marc, 8, 27. ― Césarée de Philippe, au pied de l’Hermon, près d’une des sources du Jourdain, en Gaulonitide, s’appelait d’abord Panéas. Quand Philippe le tétrarque l’eut agrandie, il l’appela Césarée en l’honneur de Tibère César, et on y ajouta le nom même de Philippe pour le distinguer de la Césarée bâtie sur la Méditerranée, par Hérode le Grand, entre Joppé et Dora. Aujourd’hui Césarée de Philippe a repris son nom primitif sous la forme Bânias et compte environ 150 maisons.