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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/2504

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46. Mais il arriva que trois jours après ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant.[1]

47. Et tous ceux qui l’entendaient étaient étonnés de sa sagesse et de ses réponses.

48. En le voyant, ils furent étonnés, et sa mère lui dit : Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? Voilà que votre père et moi, fort affligés, nous vous cherchions.

49. Mais il leur répondit : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ignoriez-vous qu’il faut que je sois aux choses qui regardent mon Père ?[2]

50. Mais eux ne comprirent point ce qu’il leur disait.

51. Il descendit ensuite avec eux, et vint à Nazareth ; et il leur était soumis. Or sa mère conservait toutes ces choses en son cœur.

52. Cependant Jésus avançait en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes.[3]

CHAPITRE 3.

  1. Luc 2,46 : Dans le temple, hiéron (voir Matthieu, 21, 12), dans une des salles qui faisaient partie du hiéron, vraisemblablement dans la synagogue placée dans le parvis des gentils et où avaient lieu les leçons et les discussions des rabbins.
  2. Luc 2,49-51 : Jésus ne les reprend pas de l’avoir cherché, mais il déclare qu’il a, comme Fils de l’Eternel, des devoirs supérieurs à remplir (saint Bède). ― Jésus obéit pour nous apprendre que l’obéissance est la voie de la perfection (saint Grégoire de Nysse).
  3. Luc 2,52 : « Comment faut-il entendre ce verset de saint Luc : Jésus avançait en sagesse, en âge et en grâce ? Pour ce qui est de l’intelligence, nous entendons saint Luc en ce sens qu’ayant, comme homme, les mêmes facultés que nous et se trouvant ici-bas dans des conditions analogues aux nôtres, le Sauveur éprouvait des impressions de même genre, voyait les mêmes objets, se formait les mêmes idées, acquérait la même science ; et que laissant paraître cette science au dehors selon qu’il l’acquérait et n’en faisant pas paraître d’autre, il donnait de jour en jour à ceux qui l’observaient de nouvelles preuves de ses connaissances et de sa sagesse. Les Docteurs donnent à cette science le nom d’expérimentale, à cause de la manière dont on l’acquiert pour l’ordinaire. Elle était pour Notre Seigneur la conséquence naturelle de la condition où il s’était mis, et elle rend compte de ce qu’ont dit l’Ecriture et les Pères sur son enfance et sur le développement graduel de son intelligence. Puisqu’il acquérait réellement cette sorte de science, il devait aussi en donner des marques, y faire des progrès, apprendre certaines choses, y appliquer son esprit, interroger, admirer, s’étonner, etc. Cela n’empêche pas de reconnaître en son âme dès le premier moment de l’Incarnation une science surhumaine et des lumières d’un ordre supérieur. Les principaux Docteurs et tous les théologiens enseignent qu’il avait reçu par infusion, à la manière des prophètes et des saints, mais dans un degré incomparablement plus élevé, un degré de science proportionné à sa dignité et à sa mission. De plus, ils s’accordent à dire que son âme jouissait de la vision intuitive de l’essence divine, d’une manière plus parfaite et plus pleine que tous les esprits du ciel. Ils regardent ces privilèges comme une conséquence naturelle de l’union hypostatique, et par conséquent ils ne sauraient admettre qu’il ait dû les mériter par ses œuvres, ni qu’il en ait été un seul instant privé. À plus forte raison n’admettraient-ils pas que son esprit partageât à son entrée dans le monde l’ignorance commune à tous les enfants d’Adam. Dans l’Apocalypse, on entend les élus du ciel célébrer sa sagesse et ses lumières en même temps que sa divinité. Quant à la grâce dont l’âme de Notre Seigneur a été ornée, nous distinguons de même, avec les théologiens, les habitudes et les actes surnaturels, les principes et les effets. Les œuvres de grâce ou les actes de vertus croissaient et se multipliaient sans cesse ; mais les habitudes infuses, les dispositions vertueuses, la grâce sanctifiante, tout ce qu’exigeait en son âme sa dignité d’Homme-Dieu, ne pouvait croître. Le Sauveur a toujours possédé ces dons au degré le plus élevé. » (L. BACUEZ.)