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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/2577

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Le Saint Évangile
de Jésus-Christ
selon
Saint Jean

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CHAPITRE 1.

Divinité du Verbe. Mission de saint Jean-Baptiste. Incarnation du Verbe. Réponse de saint Jean aux députés des Juifs. Autre témoignage de saint Jean. Deux disciples de saint Jean vont trouver Jésus. André lui amène Pierre. Jésus appelle Philippe, qui lui amène Nathanaël.

1. Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.[1]

2. C’est lui qui au commencement était en Dieu.

3. Toutes choses ont été faites par lui ; et sans lui rien n’a été fait de ce qui a été fait.

4. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ;

5. Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas comprise.

6. Il y eut un homme envoyé de Dieu dont le nom était Jean.[2]

  1. Jean 1,1 : Et le Verbe était en Dieu. Comparer à Jean, 14, 10 : Ne croyez-vous pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? ― « Le choix de ce mot, Verbe, Logos, n’a pas été fait au hasard par saint Jean, ni d’une manière arbitraire. Il paraît lui avoir été révélé. Que le Fils de Dieu l’ait fait connaître à saint Jean avant de sortir de ce monde, ou que la révélation en ait été faite à cet Apôtre au moment où il écrivait l’évangile, c’est ce que rien ne détermine avec certitude ; mais nous savons qu’à Patmos, saint Jean reçut des assurances à cet égard : « Le nom dont on l’appelle est le Verbe de Dieu, » lisons-nous dans l’Apocalypse. Certains passages de l’Ancien Testament pouvaient suffire pour en suggérer l’idée. Dans ces textes, la création est attribuée au Verbe ou à la parole de Dieu. Ce Verbe est personnel. Il s’identifie avec la Sagesse et avec l’Ange de Dieu. Quoi d’étonnant qu’au temps du Sauveur ce mot fût employé chez les Juifs pour désigner le Fils éternel de Dieu ? Saint Paul paraît sanctionner cet usage, aussi bien que saint Jean, en parlant de la parole de Dieu vivante et agissante, qui discerne les pensées de l’esprit et les intentions du cœur. Aussi la difficulté pour l’évangéliste n’était pas de faire reconnaître aux Juifs qu’il y a en Dieu un Verbe personnel et tout-puissant, mais de les convaincre que Jésus était ce Verbe. D’ailleurs, la connaissance de la doctrine révélée sur les trois personnes divines était donnée, le nom de Verbe ne devait-il pas s’offrir de lui-même à l’esprit pour désigner la seconde ? Les rapports du Père avec le Fils ont une analogie frappante avec ceux qui existent entre notre esprit et notre parole ou notre verbe. Il était naturel d’appeler le Fils de Dieu, la Parole du Père. Saint Jean n’avait donc pas d’emprunt à faire, ni à Platon (429-348), ni à Philon († 55). Et que leur aurait-il emprunté ? ― Si Platon parle de Logos dans sa théorie de la création ou plutôt de la disposition originelle des
  2. Jean 1,6 : Voir Matthieu, 3, 1 ; Marc, 1, 2.
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