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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/294

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avec eux, s’enflamma de convoitise, s’asseyant et pleurant, et les enfants d’Israël s’étant joints aussi à elle, elle dit : Qui nous donnera de la chair à manger ?[1]

5. Nous nous souvenons des poissons que nous mangions en Egypte pour rien : ils nous viennent à l’esprit, les concombres, les melons, les poireaux, les ognons et les aulx.

6. Notre âme est aride : nos yeux ne voient que la manne.

7. Or la manne était comme de la graine de coriandre, de la couleur du bdellium.[2]

8. Et le peuple allait autour du camp, et la recueillant, il la brisait sous la meule, ou il la pilait dans le mortier, la cuisant dans la marmite, et en faisant de petites miches d’une saveur semblable à celle du pain pétri avec de l’huile.[3]

9. Et lorsque la rosée descendait pendant la nuit sur le camp, la manne aussi descendait pareillement.

10. Moïse entendit donc le peuple pleurant dans les familles, chacun à la porte de sa tente. Alors la fureur du Seigneur fut extrêmement irritée ; et la chose parut aussi à Moïse insupportable.

11. Et il dit au Seigneur : Pourquoi avez-vous affligé votre serviteur ? pourquoi ne trouvé-je point grâce devant vous ? et pourquoi avez-vous mis le poids de tout ce peuple sur moi ?

12. Est-ce moi qui ai conçu toute cette multitude, ou qui l’ai engendrée, pour que vous me disiez : Porte-les dans ton sein, comme la nourrice a coutume de porter son petit enfant, et conduis-les dans la terre au sujet de laquelle vous avez juré à leurs pères ?[4]

13. D’où aurai-je de la chair pour en donner à une si grande multitude ? ils pleurent contre moi, disant : Donne-nous de la chair, afin que nous en mangions.

14. Je ne puis seul soutenir tout ce peuple ; parce qu’il est lourd pour moi.

15. S’il ne vous en semble pas autrement, je demande instamment que vous me fassiez mourir, et que je trouve grâce à vos yeux, pour que je ne sois pas accablé de tant de maux.

16. Et le Seigneur répondit à Moïse : Assemble-moi soixante dix hommes d’entre les anciens d’Israël, que tu sais être les anciens du peuple et les maîtres ; et tu les conduiras à la porte du tabernacle

  1. Nb. 11,4 : Voir 1 Corinthiens, 10, 3.
  2. Nb. 11,7 : Voir Exode, 16, 14 ; Psaumes, 77, 24 ; Sagesse, 16, 20 ; Jean, 6, 31. ― De la graine de coriandre. Voir Exode, note 16.31. ― De la couleur du bdellium, c’est-à-dire blanche. Le bdellium est une gomme résineuse qui coule de la bdella, espèce de palmier.
  3. Nb. 11,8 : Sous la meule. Voir Deutéronome, note 24.6. ― Dans le mortier. Les moulins à eau et à vent ont été inventés assez tard. On avait commencé par piler le grain, entre deux pierres, l’une servant de mortier, l’autre de pilon, avant de le moudre. Un bas-relief égyptien représente deux hommes broyant le grain dans un mortier. Le moulin à bras existait dès le temps d’Abraham, puisqu’il est question de farine fine ou farine moulue, non pilée ou broyée. Voir Genèse, 18, 6. On se sert aussi du mortier, aujourd’hui encore, dans quelques villages d’Orient.
  4. Nb. 11,12 : Pour laquelle vous avez juré ; que vous avez promise par serment.