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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/3029

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APPENDICE.


surtout grâce à lui et aux formes multiples qu’ils savent lui donner qu’ils ont réussi à éviter la monotonie à laquelle semblait les condamner fatalement la forme même de la poésie hébraïque.

Ils ont su introduire la variété dans toutes les formes de parallélisme par une multitude de procédés ingénieux dont nous n’énumérerons qu’un petit nombre.

1o Tantôt le verbe exprimé dans le premier membre est sous-entendu dans le second :

Quand Israël sortit de l’Egypte,
La maison de Jacob — [du milieu] d’un peuple barbare,
Juda devint son sanctuaire,
Israël — son royaume.Ps. cxiii, 1-2.

2o Tantôt le sujet du premier hémistiche devient régime du second :

Dans l’iniquité j’ai été formé,
Et dans le péché ma mère m’a conçu.Ps. l, 7.

3o Ou bien le discours direct est substitué à l’indirect :

Il est bon de louer Jéhovah,
Et de chanter ton nom, ô Très-Haut.Ps. xci, 2.

4o Le parallélisme strict est rompu par l’emploi de diverses figures, de l’inversion, de l’interrogation, de l’exclamation, de l’ellipse :

Mon âme est troublée, beaucoup,
Et toi, Jéhovah, jusqu’à quand?Ps. vi, 4.
Ils crient au secours… et point de sauveur,
Vers Jéhovah… et il ne leur répond pas.Ps. xvii, 42,

5o Le sens, suspendu dans le premier membre, n’est terminé que dans le second, et le parallélisme est indiqué par la répétition des mêmes mots :

Louez, serviteurs de Jéhovah,
Louez le nom de Jéhovah.Ps. cxii, 1.

Ces moyens de varier le parallélisme, empruntés à la grammaire et à la rhétorique, ne sont pas les seuls qu’aient employés les poètes d’Israël. Ils ont eu recours encore à d’autres, qui modifient davantage la forme poétique et produisent une diversité plus grande.

1o La pensée que veut exprimer le poète embrasse quelquefois quatre membres, et alors, par un procédé analogue à celui de nos vers à rimes mêlées ou croisées, les membres parallèles ne se suivent pas deux à deux, mais sont intervertis, de sorte que, par exemple, le premier est parallèle avec le dernier et le second avec l’avant-dernier.

Mon fils, si ton cœur est sage,
Mon cœur se réjouira.
Mes reins tressailliront d’allégresse,
Quand tes lèvres proféreront des paroles sensées.Prov., xxiii, 15-16.

Dans l’exemple suivant, le premier membre répond au troisième, et le second au quatrième :

J’enivrerai mes flèches de sang,
Mon épée se nourrira de chair,
Du sang des morts et des captifs,
De la tête des chefs ennemis.Deut., xxxii, 42.

2o Les parallélismes synonymique et antithétique sont quelquefois employés simultanément :

La vérité germera de la terre,
La justice poindra des cieux.Ps. lxxxiv, 12.

3o Le nombre des membres parallèles peut être multiplié et porté à trois ou même à quatre. Il est de trois dans cette imprécation de David, Ps. vii, 6 :

Que l’ennemi me poursuive et m’atteigne,
Qu’il foule ma vie aux pieds,
Qu’il me réduise en poussière !