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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/419

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INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ.

Les montagnes de la Terre Sainte en faisaient la force et la sécurité. — Un des traits les plus caractéristiques de ce pays, ce sont les villages qui sont la plupart construits au sommet des collines. Il n’y a presque aucune éminence qui ne soit couronnée de maisons habitées ou en ruines. Une ville au fond d’une vallée est une exception. On cherchait, pour y établir sa demeure, les endroits dont l’accès était le plus difficile, afin d’échapper ainsi aux surprises et aux brusques attaques des ennemis, contre lesquels on avait toujours besoin de se tenir en défiance.

Toutes les montagnes de la Palestine, et particulièrement celles de Juda, étant de formation calcaire, sont percées de nombreuses cavernes, en partie naturelles, en partie artificielles, quelques-unes très spacieuses. Elles servaient de refuge aux habitants, en temps d’invasion, et elles ont joué un rôle assez important dans l’histoire du peuple de Dieu.

La Terre Sainte est traversée du nord au sud par le Jourdain. Il tire probablement son nom de la rapidité de son cours. Il a trois sources principales : 1o celle de Banias, la Césarée de Philippe du temps de Notre Seigneur ; elle jaillit du fond d’une grotte creusée dans le roc ; 2o celle de Dan, à cinq quarts d’heure de Banias, à Tell-el-Khadi ; 3o celle de l’ouadi Hasbani ou d’Hasbeya, située près du village de ce nom, sur l’Hermon. Il roule ses eaux d’un jaune sale à travers les marécages de l’Ard-el-Houléh et forme ensuite le lac Mérom ou lac élevé, appelé aujourd’hui Houléh, Bahr-el-Houléh. Ce lac de forme triangulaire, de sept kilomètres environ de large sur près de quatorze de longueur, est situé à 6 mètres 4 centimètres au-dessous du niveau de la Méditerranée. Ses eaux sont douces et transparentes ; il est couvert en partie par une plante à larges feuilles ; les oiseaux aquatiques y abondent.

Après avoir traversé le lac Houléh, le Jourdain se dirige vers le lac de Génésareth, l’un des plus beaux qui soient au monde. Il a 20 kilomètres de long sur 10 de large ; sa forme est un ovale irrégulier ; il est situé à 212 mètres au-dessous du niveau de la Méditerranée. Son eau est claire, limpide et fraîche ; il abonde en poissons. On l’appelait aussi autrefois lac de Tibériade et mer de Galilée ; aujourd’hui il porte le nom de Bahr Tabariyeh.

Au sortir du lac de Génésareth, le Jourdain précipite sa course, jusqu’à son embouchure dans la mer Morte, où il disparait. Il y déverse environ six millions de tonnes d’eau par jour.

Il n’a pas d’affluent proprement dit sur sa rive droite. Sur la rive gauche, il reçoit, au-dessous du lac de Tibériade, l’Hiéromax et le Jabbok, appelés aujourd’hui le Yarmouk et le Zerka.

La vallée du Jourdain, de la mer de Galilée à la mer Morte, s’appelle aujourd’hui El-Ghôr. On y remarque en divers endroits des traces d’anciennes éruptions volcaniques.

Les traits caractéristiques du cours du Jourdain sont la profondeur de son lit et ses nombreuses sinuosités. De sa source au point où il se perd, il suit une pente interrompue de temps en temps par des rapides et des chutes ; du lac de Tibériade à la mer Morte, le lieutenant Lynch descendit vingt-sept rapides. Ses sinuosités sont moins grandes au-dessus qu’au-dessous de la mer de Galilée. Leur somme totale est telle qu’elle fait plus que tripler la longueur de son cours : il n’est que de 97 kilomètres à vol d’oiseau, mais en réalité il en a plus de 300. La largeur moyenne du Jourdain est de 20 mètres ; il n’est pas navigable ; il ne