Aller au contenu

Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/502

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sortit dans la campagne. Lorsqu’on l’eut annoncé à Abimélech

43. Il prit son armée et la divisa en trois corps, tendant des embûches dans les champs. Et voyant que le peuple sortait de la ville, il se leva et fondit sur eux

44. Avec son bataillon, attaquant et assiégeant la ville ; mais les deux autres bataillons poursuivaient les ennemis fuyant ça et là dans la plaine.

45. Or, pendant tout ce jour-là, Abimélech attaquait la ville qu’il prit, tuant ses habitants et détruisant la ville elle-même, de manière à y semer du sel.[1]

46. Ce qu’ayant appris ceux qui habitaient dans la tour de Sichem, ils entrèrent dans le temple de leur dieu Berith, où ils avaient fait alliance avec lui ; et C’est de cette alliance qu’avait reçu son nom le lieu qui était très fortifié.[2]

47. Abimélech aussi, apprenant que les hommes de la tour de Sichem s’étaient réunis ensemble,

48. Monta sur la montagne de Selmon avec tout son peuple, et saisissant la hache il coupa une branche d’arbre, et la mettant sur son épaule il dit aux siens : Ce que vous me voyez faire, faites-le vite.

49. Coupant donc à l’envi des branches d’arbres, ils suivaient leur chef ; et environnant la forteresse, ils l’incendièrent ; et de cette manière il arriva que par la fumée et par le feu il périt mille personnes, tant hommes que femmes, qui demeuraient dans la tour de Sichem.

50. Ensuite Abimélech, partant de là, vint à la ville de Thébès, qu’investissant, il assiégeait avec son armée.[3]

51. Or, il y avait au milieu de la ville une tour élevée, dans laquelle s’étaient réfugiés ensemble les hommes et les femmes et tous les princes de la ville, la porte étant bien fermée, et ils se tenaient sur le toit de la tour, derrière les parapets.

52. Et Abimélech, s’avançant près de la tour, combattait vaillamment ; et, s’approchant de la porte, il s’efforçait d’y mettre le feu.

53. Et voilà qu’une femme, jetant d’en haut un morceau de meule, frappa la tête d’Abimélech et brisa son crâne.[4]

54. Il appela aussitôt son écuyer, et il lui dit : Tire ton glaive, et frappe-moi, de peur qu’on ne dise que c’est par une femme que j’ai été tué. L’écuyer, exécutant ses ordres, le tua.[5]

  1. Juges 9,45 : Le sel jeté en grande quantité dans un terrain le rend stérile. C’est pour cela que l’Ecriture dit une terre de sel, une terre salée, pour désigner une terre stérile. Les auteurs profanes emploient quelquefois la même locution.
  2. Juges 9,46 : Berith en hébreu signifie pacte, alliance.
  3. Juges 9,50 : Thèbes, aujourd’hui Tûbas, était sur la route qui conduit de Sichem à Bethsan, à quatre heures de marche de Sichem, au nord-est.
  4. Juges 9,53 : Voir 2 Rois, 11, 21.
  5. Juges 9,54 : Voir 1 Rois, 31, 4 ; 1 Paralipomènes, 10, 4. ― L’histoire profane loue quelques serviteurs qui ont rendu un pareil service à leurs maîtres ; tandis que David fit mourir l’Amalécite, qui se vantait de l’avoir rendu à Saül sur son instante prière. Le christianisme condamne également celui qui demande ce service et celui qui le rend. ― Une mort comme celle d’Abimélech, reçue de la main d’une femme, était considérée comme particulièrement ignominieuse. Voir 2 Rois, 11, 21.